Magellan me faisait récemment remarquer qu’en effectuant une recherche avec pour mot-clé le terme “prestige”, il avait vite fait de tomber sur un stéthoscope, symbole même de la médecine.

Je me souviens qu’à une époque, je soupçonnais mon subconscient (?) de m’avoir inspiré la “vocation” médicale pour toutes sortes de bien basses raisons. L’argent, le prestige, la facilité, l’absence de réflexion sur les autres professions, l’imitation familiale, un parcours tout tracé, un emploi garanti.

Le fait d’avoir envisagé sérieusement de faire mes études de médecine en France a volatilisé beaucoup de mes inquiétudes. Les études n’y sont pas toutes tracées. Un médecin n’y est ni grassement payé, ni prestigieux (sans être non plus mal payé ou méprisé, entendons-nous) - cette formation ne se donnant pas dans les Grandes Écoles, qui raflent tout le prestige. J’ai aussi eu maintes occasions d’envisager mille et un autres métiers, allant des sciences infirmières au génie, en passant par l’environnement et la recherche. Finalement, la biologie du corps humain, c’est ce qui m’intéresse vraiment. Être une scientifique tout en étant près des individus, voilà ce qui me sied le mieux.

Je suis maintenant sereine avec mon choix. J’ajouterais même qu’à mon sens, la médecine est sûrement l’une des profession les plus humbles qui soient (avec celle d’infirmière). Il faut savoir se mettre au niveau des gens, de leur faiblesse devant la maladie (car on n’est pas toujours beau quand on est souffrant). Il s’agit d’être proche de la personne malade, d’être son allié, de la conseiller et de la servir du mieux que l’on peut, malgré notre faillibilité toute humaine. Il faut aller au-delà du dégoût que peuvent nous inspirer les blessures ou difformités, que ce soit par leur apparence ou leur odeur.

Pas de quoi se péter les bretelles, franchement… Mais c’est certain qu’il faut aimer ça, qu’il faut que ça nous fasse vibrer et pétiller les yeux. Voilà pourquoi je parle de vocation.

Enseignement 1960

Un paysan vend un sac de pommes de terre pour 100 F. Ses frais de production s’élèvent aux 4/5 de son prix de vente. Quel est son bénéfice ?

Enseignement traditionnel 1970

Un paysan vend un sac de pommes de terre pour 100 F. Ses frais de production s’élèvent aux 4/5 du prix de vente, c’est-à-dire 80 F. Quel est son bénéfice ?

Enseignement moderne 1970

Un paysan échange un ensemble P de pommes de terre contre un ensemble M de pièces de monnaie. Le cardinal de l’ensemble M est égal à 100 et chaque élément p E M vaut 1 F. Dessine 100 gros points représentant les éléments de l’ensemble M. L’ensemble F des frais de production comprend 20 gros points de moins que l’ensemble M. Représente l’ensemble F comme un sous-ensemble de l’ensemble M et donne la réponse à la question suivante : “Quel est le cardinal de l’ensemble B des bénéfices ?” (à dessiner en rouge).

Enseignement rénové 1980

Un agriculteur vend un sac de pommes de terre pour 100 F. Les frais de production s’élèvent à 80 F et le bénéfice est de 20 F. Devoir : souligne les mots “pomme de terre” et discutes-en avec ton voisin.

Enseignement réformé 1990

Un peizan Kapitalist privilégié sanrichi injustement de 20 F sur un sac de patat ; analiz le tekst et recherche les fote de contenu, de gramère, d’ortograf, de ponctuassion, et ensuite, di se que tu pense de cet maniaire de sanrichir.

Enseignement informatisé en 1995

Un producteur de l’espace agricol cablé consulte en conversationnel une databank qui display le day-rate de patates. Il loade son progiciel de computation fiable et determine le cash-flo sur écran bit-map (sous MS-DOS avec config floppy et disque de 40 Mo). Dessine avec ta souris le contour 3D integré de la patate et du sac de pommes de terre, puis logue-toi au network par 3615 code BP (blue patatoe) et suis les indications du menu.

Enseignement 2000

Qu’est-ce qu’un paysan ?

Walmart, pour ceux, les fous, qui ne le sauraient pas, est le plus gros distributeur au détail sur terre, devant Carrefour-Promodes. Bref, Walmart est gros, très gros et la recette du succès est relativement simple : moins cher, toujours moins cher et parfois beaucoup moins cher que les concurrents (quitte à vendre de la merde).

Et Walmart a récemment, à son grand désarroi, figuré dans de nombreux journaux pour deux raisons :

  • Premièrement Walmart participe à 10% de la gargentuesque dette extérieure des États-Unis. Ben oui, parce que les prix bas, c’est pas aux US que ça se fait !
  • Deuxièmement, la police fédérale a récemment fait une descente dans plusieurs Walmart et y a trouvé environ 300 travailleurs clandestins (tous, potentiellement des agents d’Al-Qaeda selon certains, mais c’est autre chose :).

Ça fait assez sale quand même.

Faut dire que, regardant la télé (oui, parce qu’il y a aussi Wal-Marde(Comme le dit le frère de Ebb ;)) au Québec), je me demandais qui pouvait bien morfler pour leur permettre d’atteindre ces prix. La réponse est simple : tout le monde !

Mais d’un autre coté, c’est un peu facile de dire “c’est la faute à Walmart”. La force de Wal-mart, c’est de coller parfaitement aux besoins des consommateurs. En d’autres termes on est bien d’accord pour dire que ce sont les consommateurs qui veulent toujours des prix plus bas et que ça ne les dérange pas que la qualité ne soit pas au rendez-vous.

Ça me fait un peu penser à quelque chose que j’ai écrit dans un mémoire de fin d’étude (traitant du rapport entre mondialisation et culture, mais j’ai pas mal débordé sur d’autres sujets). Une situation assez similaire à une walmartisation existe, à mes yeux dans le domaine des fonds de pension.

Supposons, exemple fictif et très simplifié : tous les employés de General Motors, par exemple, recherchent le fonds de pension le plus rentable et vont donc investir dans un acteur majeur du milieu du placement. Ce dernier, pour garder sa clientèle va faire pression sur les entreprises dans lesquelles il investit pour augmenter le rendement. General Motors, bien que produisant (par exemple) un rendement de 6% peut se trouver moins intéressant pour les investisseurs et va donc décider un restructuration dont l’un des impacts sera, il va de soit, un plan de licenciement.

Ceux-là même qui ont poussé pour avoir un meilleur rendement seraient alors indirectement responsable de leur propre sort.

Dans un message récent, Pierre parlait de l’entrée dans le dico du McJob dans le sens où, dans son approche, McDonald a changé pour toujours la considération de certains petits boulots. Pierre, toujours le même, a également fait les frais de l’appétit de Walmart poussant ses concurrents a baisser les salaires et tirer toujours plus sur la corde. Ce n’est pas théorique, ça se passe devant chez nous.

Nos choix, en tant que consommateurs, sont souvent mis de l’avant dans le domaine environnemental : acheter vert, bio, sans OGM, local, etc. L’aspect social n’est pas moins négligeable et gagnera en importance.

Si on en vient à parler d’une walmartisation dans les pays occidentaux, ça signifiera accepter des conditions sociales aussi lamentables chez nous que dans les pays en voie de développement. De toutes évidence, ce n’est pas ce vers quoi nous devrions essayer de tendre, mais plutôt l’inverse !

Ajout : Le dernier article de Laurent est vraiment très pertinent à ce sujet, surtout quand il parle, au niveau de la culture US de fatalisme économique, primauté de la publicité et consommation ostentatoire.

Son article est dédié aux différences entre Canada et États-Unis. Pourtant, pour ce qui est de la walmartisation, les effets sont les même au Canada et au Québec.

Ajout bis : Ebb vient également de m’envoyer un message assez intéressant de Brunmarde, ça se passe ici

C’est environ l’âge qu’a maintenant Louise. Ce n’est plus un bébé et la garder n’a plus rien à voir avec avant. Maintenant, quand ses parents partent, elle fait des “bye bye” joyeux, sans crise ni larmes. Mon arrivée, loin de l’intimider, lui fait maintenant grand plaisir et elle me saute dans les bras pour m’accueillir. Elle fait des dessins ou des exploits et me les montre en s’exclamant : “Woooooooow !”. Elle fait des dégâts et s’apitoie : “Oh noooooooooooon !”. Elle achève quelque chose et le ponctue : “A y est !”. Elle devient de plus en plus autonome, boit dans un verre et s’implique dans diverses tâches (habillement, rangement…).

Seul bémol au tableau, elle entame son entrée dans la mémorable phase du “non”. Elle est donc d’une facilité déconcertante à contrarier. Il faut user de psychologie inverse, de patience et… de fermeté.

Ainsi, elle est maintenant impossible à mettre au lit. Elle veut lire une histoire, puis une autre, et puis encore une autre, et quand elle finit par se résigner à ce que ce soit la dernière, elle veut ensuite amener “çaaa” avec elle dans le lit, et “çaaa” aussi, sans oublier “çaaa”.

(J’évoquais justement récemment ma réluctance à me mettre au lit. C’est le même principe.)


Pour ceux d’entre vous qui s’étonnent du niveau développemental et d’autonomie de cette enfant d’un an et demi plutôt éveillée et à la personnalité attachante, vous n’avez pas tort. Je pense que la méthode haptonomique employée par ses parents depuis la période prénatale n’y est pas étrangère. Il faut aussi mentionner qu’elle fréquente, depuis l’automne, une prématernelle bien spéciale. Ses parents, cherchant instamment à dénicher ce qui se fait de mieux pour elle, ont cette fois opté pour une académie appliquant la philosophie de Maria Montessori. Sans oublier, je l’imagine aisément, des soins quotidiens attentionnés et pleins d’amour. Chose certaine, et cela ne fait aucun doute, Louise se développe visiblement - et explosivement - dans la plus grande harmonie !

(Je précise que ses parents ne font pas ces choix dans le but d’en faire un “petit génie” ou je ne sais quoi, comme cela se rencontre parfois. Ils recherchent simplement la qualité dans ce qu’ils peuvent offrir à leur enfant, sans se contenter des services moyens de base.)

Ton visage seul me servait, avec ses yeux en feuilles tout près de moi, tu pleurais.
Je me penchais dans les couleurs pour t’atteindre, mes bras toujours fuyants s’allongeaient dans des bals de forêt, des semis de papier que tu ne voyais pas.

Tributaires du vent (Régine Foloppe Ganne)