Ce soir, nous sommes allé souper(Oui, ici, le soir, c’est un souper, et le midi, c’est un dîner… ce qui, quand on y réfléchit bien, est l’ordre logique des choses) chez ma boss, C.

Ce que j’aime bien chez C., c’est qu’elle a un mode de vie assez… européen, qu’elle habite à deux pas du marché Jean-Talon et elle adore la bouffe italienne et française, la vraie ; je savais donc qu’en allant chez elle, je mangerais bien. Un lapin mariné dans des tomates et des olives, légèrement caramélisé, je me suis régalé. Servi avec un petit Médoc 1998 que j’ai acheté, pas de quoi se frapper la tête mais bien bon quand même, franchement ça fait plaisir. Le tout complété par du saumon fumé avec câpres en entrée et un tiramisu maison en dessert, ça changeait un peu de nos pâtes !

En plus, c’était l’occasion de réconcillier Ebb avec le logement à Montréal. Étant déjà allé chez C., je savais que son condo (terme utilisé pour désigner les appartements achetés, en opposition avec les appartements locatifs - ça vient de condominium, à ne pas confondre avec condom ;)) avait vraiment de l’allure et dans un quartier assez sympa, à savoir Rosemont.

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Parc Molson vu de chez C.

Bien mangé, bien bu, dans un cadre sympa et en bonne compagnie, que demande le peuple ? De la neige ? Il suffit de demander : ce soir nous avons droit à la première neige digne de ce nom. On est encore loin d’une tempête, sûrement qu’on ne cumulera pas plus que 2-3 cm, mais ça apporte un couvert blanc très agréable en ces temps froids. On est en hiver ou on n’y est pas.

Ce qui est fantastique, tout de même, c’est qu’il y a de la neige, partout : en Estrie, à l’est, au nord j’en parle même pas, en Ontario, à l’ouest et même au Sud en Nouvelle-Angleterre et même plus bas et chez nous, il n’y avait rien jusqu’à ce soir ! On dira ce qu’on veut, mais je pense que l’île de Montréal fait fuire la neige…

Seule ombre au tableau : juste avant d’aller chez C. je me suis énervé tout rouge au point d’exploser une boîte de mouchoirs qui trainait, Thunderbird refusant de relever les sept messages d’un de mes comptes. Il affichait Receiving message 1 of 7 mais rien n’arrivait et ça m’agaçait franchement car j’ai passé du temps à faire que mes deux installations, sous Windows et Linux, remplissent la même boîte et je craignais que tout soit foutu (alors que ça a marché pendant quelques jours).

Bien entendu, il s’est trouvé que la faute m’incombait : j’avais laissé l’option leave message on the server dans mon install windows. Moralité, les 7 derniers messages étaient encore sur le serveur; quand Thunderbird voulait les relever, il se rendait compte qu’il l’avait déjà fait, donc ne les relevait pas, mais affichait quand même qu’il était en train de les recevoir, ce qui me laissait à croire qu’il était planté. Nul n’est parfait :)

Voici donc l’endroit où je passe le plus clair de mon temps de travail hors fac. Tous mes livres de médecine (enfin, ceux cumulés jusqu’ici) s’y trouvent ; les polycopiés (codex) manquent cependant à l’appel. Notez comme la tablette ploie allègrement sous ce poids monstrueux. (On remarque aussi la présence d’une carte postale de Guadeloupe de Leeloolène et les peluches offertes par Hoëdic.)

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On constate également le pragmatisme américain : le titre d’un livre en anglais posé à plat se lit dans le bon sens. Les bouquins français mis dans cette même position voient au contraire leur titre se lire à l’envers, la tête en bas. C’est irritant.

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*Un jour je te retrouverai.
L’été passera dans les haies.

Les boutures de tes mains
Tes côtes d’homme
Renaîtront dans mon cou.*

Tributaires du vent (Régine Foloppe Ganne)

J’ai remarqué quelque chose d’assez fantastique à la STM (oui, comme vous l’aurez remarqué, j’aime la STM) : certains guichets ferment quelques minutes (ou plus je sais pas) sur l’heure du midi.

Ce ne serait rien si cette société était au summun de la pointe de la technologie d’internet et des télécommunications et possédait des distributeurs automatiques. Mais tel n’est pas le cas. Donc, à midi, de deux choses l’une : soit vous avez un billet soit vous attendez. Vous attendez avec d’autant plus de rage que le guichetier est généralement à sa place sauf que… c’est fermé. Hé oui, c’est comme ça et pas autrement.

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Station Iberville

Bon, mais en tous cas, la STM, ils vont se saigner pour nous car ils vont nous rembourser 5$ (sur 52) sur la carte mensuelle du fait de la dernière grêve. Soit dit en passant, j’aimerais bien savoir s’ils ont fait des économies pendant tout le temps où tous ces bus, tous ces métros et toutes ces stations ne fonctionnaient pas.

Ah ! là, c’est différent. Lorsque deux amants ne disposent pour se parler que d’une langue à l’un et à l’autre étrangère, c’est… comment dire, c’est… ah non, si vous ne connaissez pas, je crains de ne pas pouvoir vous expliquer.


Aveugles et muets nous sommes, les yeux bandés par nos propres mains, la gorge obstruée par nos cris.
Nous ne savons guérir notre douleur, seulement la transmettre, la donner en héritage. Tiens, chéri.
Nous avançons grotesquement, à cloche-cloche, écartelés : un pied dans nos petites histoires et l’autre dans l’Histoire.

Et effectivement, Nancy Huston sait magistralement entrelacer son oeuvre romanesque avec une trame de fond rigoureusement historique.