On me demande souvent quelle spécialité je veux faire plus tard. Je réponds que je ne sais pas trop encore, que c’est compliqué, que j’attends de voir les stages pour expérimenter les conditions concrètes d’exercice ; je finis toujours par conclure que j’aimerais peut-être être généraliste.

Voici les postes offerts en résidence l’an dernier dans ma fac.

Pathologie : 3 ; Anesthésie : 7 ; Biochimie : 0 ; Chirurgie générale : 7 ; Chirurgie cardiaque : 2 ; Neurochirurgie : 1 ; ORL : 2 ; Orthopédie : 3 ; Plastie : 1 ; Urologie : 2 ; Génétique médicale : 2 ; Médecine interne : 26 ; Dermatologie : 1 ; Neurologie : 2 ; Physiatrie : 2 ; Microbiologie : 2 ; Obstétrique-gynécologie : 6 ; Ophtalmologie : 3 ; Pédiatrie : 4 ; Psychiatrie : 9 ; Radiologie : 7 ; Médecine nucléaire : 1 ; Radio-oncologie : 4 ; Santé communautaire : 1 ; Médecine d’urgence : 1 ; Médecine familiale : 54.

J’ai déjà envisagé la microbio, parce que j’adore l’immunologie (et qu’il n’y a pas de spécialité directement liée à ce domaine). Mais tout compte fait, en microbio, il y a trop de bestioles répugnantes (comme les vers), trop de laboratoire et trop de risques d’attraper plein de maladies contagieuses (et moi j’attrape tout ce qui passe).

J’ai pensé à la pédiatrie, mais je crains que cette discipline ne soit très stressante (la vie d’un enfant étant perçue comme tellement importante). J’aime les enfants, mais je ne suis pas certaine de toujours aimer leurs parents, surtout quand ils sont inquiets… Et puis un enfant aussi, c’est très contagieux. [J’ai déjà entendu dire par un médecin que la pédiatrie, c’est comme la médecine vétérinaire : “Ça crie, ça crie, ça crie, et on ne sait pas ce que ça a”. C’est un peu réducteur…]

(Bon, il faut voir, peut-être que mon système immunitaire peut devenir à toute épreuve d’ici quelques années !)

J’ai aussi envisagé la neurologie. C’est pour ça que j’ai passé mon été dans le centre de recherche à côté de l’hôpital psychiatrique, à trépaner des rats, leur enfoncer des microélectrodes dans la tête et enregistrer leurs neurones. Mais en fait, les maladies neurologiques me semblent maintenant être les plus déprimantes à soigner, parce que le plus souvent elles ne guérissent pas. Ce sont des pathologies très lourdes, dégénérescentes, comme la sclérose en plaques, l’Alzheimer, la maladie de Parkinson, les conséquences des ACV, etc. Ne pratiquement jamais avoir la gratification de guérir qui que ce soit doit être très dur sur le moral…

J’ai déjà pensé à la génétique, parce que j’adore ça. Mais là encore, il y a beaucoup de laboratoire et je ne suis pas certaine que cet aspect m’attire tellement.

J’ai même songé à l’endocrinologie, même si je ne sais pas trop encore ce que c’est. Sauf que j’ai un souci ; tous les problèmes endocriniens me semblent intéressants, sauf le diabète - celui que j’y rencontrerais le plus souvent. J’ai du mal avec les gens obèses, ils me rendent tristes, je ne sais pas pourquoi, c’est viscéral. C’est sûr que peu importe où j’irai, je verrai beaucoup de patients en surpoids, mais c’est peut-être pas la peine de faire exprès…

Les autres spécialités, je ne les connais pas trop. Pour avoir anesthésié des rats tout l’été et réalisé des chirurgies stéréotaxiques sur eux, je peux affirmer que je ne suis pas certaine d’avoir adoré la chirurgie (en particulier le fait de devoir coordonner mes mouvements à ce que je voyais au microscope). Et puis ça saigne tout le temps, c’est chiant, on ne voit rien à ce qu’on fait…

Il est loin d’être certain que j’aurai eu le temps de tout tester au moment de faire mon choix définitif. Ce choix dépendra aussi des possibilités qui découleront de mes notes. Chose certaine, il est très important de songer à toutes les conditions d’une spécialité, pas seulement à l’intérêt pour la théorie. En chirurgie, il faut se lever à des heures matinales pas possibles. En obstétrique-gynéco, il faut aimer se lever la nuit pour les accouchements. Il faut en outre penser à la clientèle qui nous attend dans chaque domaine. Et puis plus bêtement : même quand un domaine nous intéresse, est-ce vraiment au point de ne jamais vouloir faire que cela ?

Finalement, la médecine générale, ça pourrait être génial. Variée, avec un suivi régulier des patients, qu’on peut apprendre à connaître avec le temps. On doit développer avec eux une belle relation thérapeutique, à la longue. On peut y soigner tous les membres de la famille, du nourrisson au grand-père. Les pathologies ne sont peut-être pas souvent dramatiques (rhumes, entorse), mais chaque cas est important, il faut toujours rassurer, éduquer, conseiller, orienter…

Ah, mais j’oubliais le judicieux conseil de S : “Fais cardio, comme ça tu seras riche” !

Eh oui, il y a un an, jour pour jour et presque à l’heure près, j’atterissais à l’aéroport Mirabel et me faisais valider en tant que résident permanent.

Un an, c’est à la fois une éternité et rien.

Je me rappelle encore les derniers préparatifs avant mon départ, les adieux à Orly, c’était hier.

En même temps l’appartement de Paris, derrière la Madeleine, et ma maison près de Nantes, me semblent incroyablement lointains, mon appartement, quartier Cote-des-neiges, Montréal, est sans contre-dit mon chez moi.

Voilà, hier, pour se faire un petit plaisir, nous sommes allé au Mysore, un restaurant indien au coin Saint-Laurent et Rachel.

C’est bon la bouffe indienne, tout de même ! Nous avons penché pour un menu à deux, en première page : varié, avec un assortiment de plats aux crevettes et au veau, des sauces épicées, des sauces à la menthe et des accompagnements de riz et de légumes, c’était vraiment très bon ! Et pour moi, qui suit habituellement un gros mangeur, j’ai eu ma dose.

Personnellement je n’en fini pas de m’étonner des intérieurs de restaurants ici : ça ressemble si souvent à des hangars amménagés avec des tuyaux un aluminium en guise de ventilation. Je dois avouer que ça casse un peu l’ambiance. Il en était de même au Milos qui se veut pourtant un restaurant class.

Enfin, toujours est-il que de l’eau en bouteille servie gratuitement, ça fait pas resto cheap et c’est très agréable. 42$ à deux, tout compris, même le tip (on a pas pris de vin), ça reste très abordable. Il faudra qu’on m’explique pourquoi tant de gens s’entêtent à aller dans des St-Hubert qui, souvent pour des prix assez proches, proposent une cuisine tellement moins raffinée.

Bref, le Mysore, pour les amateurs d’indien, à essayer.

C’est l’époque des premières fois…

Il y a deux semaines, notre moniteur nous amène ausculter une vieille dame de 83 ans. Visiblement, il veut nous faire entendre quelque chose de bien particulier… que nous échouons tous autant que nous sommes à déceler. Apparemment, elle avait une valve mitrale artificielle. Honte

La semaine dernière, j’ai fait mon premier questionnaire médical. On nous a appris à bien identifier tous les attributs d’une douleur actuelle (localisation, intensité, etc.).

Moi : “Monsieur, pourquoi êtes-vous hospitalisé ?”
Lui : “Je suis tombé. Je ne me rappelle de rien.”
Moi : “…”

Aïe aïe aïe, ça commence mal… Mis à part ce détail, je pense que ça s’est bien déroulé, je suis contente, et puis j’ai rédigé ma première histoire de cas.

Au menu cette semaine : premier examen d’un patient, pas encore complet (seulement signes vitaux et coeur-poumons-abdomen).

En tout cas, ce n’est pas facile de questionner un patient dans une chambre à quatre (vive l’intimité), avec le bruit des autres occupants, leur toux, l’odeur de leur couche, le passage engendré par chacun, les bols que les préposés font tomber au sol… Enfin, celui-là était chanceux d’avoir une chambre et de ne pas être le long d’un couloir - il faut toujours voir le côté positif des choses.

J’ai aussi suivi un médecin généraliste dans ses conditions de travail à lui. On a fait de la clinique externe dans un hôpital, i.e. le suivi quelques jours après une urgence. Il n’y a définitivement pas que les personnes âgées qui soient malades. Nous avons eu droit à 4-5 infections urinaires, dont une chez une greffée rénale. À part ça, beaucoup (vraiment beaucoup, c’est effarant) d’accidents de travail. Des coupures aux mains, des objets reçus dans les yeux, des douleurs pour avoir mal manipulé des charges trop lourdes. Toutes sortes de blessures, et une inflation de papiers de CSST.

J’ai aussi compris que c’est vraiment important de bien expliquer, d’éduquer. Une dame (avec une tendinite) avait lu quelques part qu’en cas d’hernie, il faut se faire opérer. Elle voulait donc se faire opérer et pensait en toute bonne foi en avoir besoin. Il a fallu lui expliquer qu’effectivement, une hernie, ça s’opère, mais qu’elle n’avait pas de hernie…

On nous dit en outre de ne pas juger. Facile à dire, pas toujours à faire, surtout quand on est très loin de l’univers du patient. Celui-là prenait de la cocaïne, cause de ses problèmes cardiaques. Il n’en avait pas l’air, il n’était pas jeune, n’avait pas l’air défoncé. Ne pas juger, accepter tel qu’il est, éduquer, conseiller, sans faire la morale…

Eh bien, elles ne sont pas rigolo, les conditions d’exercice actuelles. La journée du médecin était déjà pleine à craquer de rendez-vous, et l’infirmière est venue lui dire qu’elle avait encore ajouté quatre patients, et qu’elle en avait encore beaucoup à ajouter, elle ne savait plus quoi en faire.

Certes, j’ai trouvé le médecin assez expéditif et peu attentionné ; il faisait beaucoup de trucs à l’inverse de ce qu’on m’apprend actuellement. Mais honnêtement, je ne vois pas comment le blâmer ; la salle d’attente est à côté, elle est bondée, les gens souffrent et attendent…

Depuis le printemps, malgré notre grande indigence, nous avons fait l’expérience de quelques petits restos en ville.

C’est toujours précieux d’avoir de bonnes adresses sous la main… Les prix sont abordables (environ 40 $ pour deux personnes, sans vin) et le rapport qualité-prix, excellent. Alors voici :

  • Eduardo : un bon italien, authentique, dans une ambiance chaleureuse et un décor simple. Délicieux et à connaître. C’est situé dans Outremont.

  • Pizzaiole : tant qu’à être dans le coin… Il s’agit aussi d’un italien, mais il faut y aller pour goûter leur pizza. À l’origine, c’est un resto 100 % nord-américain, mais Hoëdic a trouvé leur pizza très européenne (ce qui est le plus grand compliment qu’il puisse faire à une pizza). Les ingrédients sont bien choisis, le décor est inspirant… Miam miam. Il y a une succursale au même coin de rues qu’Eduardo et une autre sur St-Denis.

  • Le Khyber Pass : le resto qui porte ce drôle de nom a raison de le faire, car il est… afghan. On peut d’ailleurs se demander si les Afghans mangent souvent aussi bien. En tout cas, c’est une cuisine qui mérite d’être découverte, des viandes savoureuses, des épices bien utilisées. Situé sur le Plateau, rue Duluth. Pensez à réserver une place sur la terrasse, elle est magnifique.

  • La Charade : avec tous ses préjugés, Hoëdic pensait qu’il ne fallait pas aller dans un resto français ici, qu’on mangerait mal et qu’on se ruinerait. J’espère l’avoir fait mentir (un peu) avec cette suggestion. Voilà donc un vrai resto français, avec des plats classiques et bien préparés et un dessert fantastique. Encore une superbe terrasse. Sur St-Denis.

  • Le Mysore : hier, pour fêter rien du tout, on a eu envie d’aller manger indien parce que ça faisait longtemps… On m’avait vivement conseillé le Mysore, j’hésitais un peu à cause de son aspect extérieur (un grand bâtiment commercial), et je n’aurais pas dû ! Le décor intérieur met bien dans l’ambiance ; un peu kitsch (à l’indienne)mais sans plus. Le menu (impressionnant) nécessite un examen minutieux, mais au final, peu importe le choix, c’est un régal. Le service est très avenant, on mange bien et en bonne quantité… On a l’impression d’en avoir pour son argent et c’est agréable ! Sur St-Laurent.

À venir : un japonais et un grec (quand on les aura essayer, i.e. peut-être dans longtemps).

Voilà, bon appétit !

P.S. Vous ne connaîtriez pas, par hasard, un bon libanais et un bon chinois ? :)