Des moments pas faciles dernièrement à l’hôpital.

Un malaise en salle d’op d’ophtalmo devant une chirurgie vraiment peu ragoûtante de l’oeil. Ça sert à recoller une rétine décollée, mais pour se faire il faut vaguement étirer au maximum les muscles qui servent aux mouvements de l’oeil, pour plutôt les contrôler comme une marionnette avec des points de suture dans toutes les positions. Ça sert à amener l’oeil dans des positions plutôt extrêmes par rapport à l’habitude, pour pouvoir accéder derrière.

C’est laid à voir, surtout quand la patiente sous le bistouri a mon âge, et qu’elle est bien sûre non seulement éveillée pendant la chirurgie, mais en plus, son oeil est grand ouvert donc elle VOIT tout. Brrr.

Aussi dernièrement, une garde aux soins intensifs à l’étage des grands brûlés. Expérience assez traumatisante également, à tous points de vue. Toutes ces tentatives de suicide par immolation (et pire encore), ça donne froid dans le dos, c’est le cas de le dire…

Dans mes temps libres, j’apprends la réanimation avancée avec défibrillateur et tout et tout, on se croirait dans ER (ou dans Grey’s Anatomy), même si je ne regarde ni l’un ni l’autre.

Je suis aussi allée me faire photographier avec toge, chapeau, diplôme. Évidemment avec tout le flafla qu’on fait autour de la graduation au secondaire, j’ai l’impression que cette fois-ci est une vulgaire imitation d’une chose passée. Pourtant, ça devrait être l’inverse : ce diplôme-ci est bien plus important, et aura été bien plus difficile à obtenir ! Au secondaire, on faisait autant de tapage pour la frime et pour se pratiquer pour la secondaire fois ;)

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De toutes manières tu sais bien que cette tentative crypto-anti-féline est vaine !

C'est l'un des secrets les mieux gardés au Québec. Les immigrants font maintenant 12% de la population québécoise, plus que les Etats-Unis d'Amérique qui sont à 11,7%! [...] En 2004, les USA ont accueilli 373,972 immigrants légaux. Avec une population 40 fois moindre le Québec en accueilli 46,000. Per capita, c'est 5 fois plus que LE pays du melting pot. Le taux de chômage est de 5% aux USA (le plein emploi) alors qu'il est toujours jammé ici à 8,2%. Pourquoi le Québec qui n'a aucun problème démographique (150 naissances pour 100 décès en 2006) , qui compte une population jeune (à peine 14% de personnes âgées contre 20% au Japon) et un taux de chomage élevé, accueille-t-il 5 fois plus d'immigrants per capita qu'aux USA??? Source: un [commentaire](http://www.ledevoir.com/2007/03/09/commentaires/0703090657180.html) dans Le Devoir en ligne

Visiblement, Christian Raymond n’est pas le seul à avoir des difficultés avec les immigrants !

En ce moment tout le monde tombe à bras raccourci sur Second Life. Dans le monde francophone c’est un article de Fred Cavazza qui a déclenché cette vague, article qui fait lui-même fait suite à des remises en cause du modèle économique “in world”.

Et là tout le monde de tomber également sur Michel Leblanc, porte drapeau de Second Life au Québec, modèle typique de l’évangéliste.

L’évangéliste est très utile en gestion de l’innovation : c’est lui qui voit le potentiel d’une innovation là où la majorité des gens ne voient rien (ou refusent de voir quelque chose). De fait l’évangéliste se plante parfois… mettons souvent.

En fait, il est fréquent qu’une innovation soit une vraie révolution mais que les évangélistes et les promoteurs de l’innovation ne visent pas juste. C’est le cas de la fibre optique, cas d’école en matière d’innovation où l’entreprise qui a développé la technologie, Corning, a essayé de vendre son truc pour des tas d’applications (dont certaines n’ont pas encore décollé) avant de trouver la niche qui lui a permis de décoller plus large finalement.

Revenons à nos moutons : Second Life et ses évangélistes. Tout le monde s’en prend à Second Life sans voir clairement qu’il y a plusieurs innovations en jeu : un monde virtuel accessible, la possibilité de modeler ce monde, un modèle économique, etc. Ce sont rarement des innovations… novatrices en elle-même. Je me rappelle d’un jeu qui permettait de se déplacer dans un Paris virtuel il y a bien 6 ou 7 ans de cela. Mais SL a proposé un agencement nouveau permettant des possibilités peu envisagées jusqu’à présent.

De cet arrangement on decouvre un certain potentiel des mondes immersifs : rencontres à distance, télétravail pourquoi pas, formation à distance, etc. Tous ces éléments n’ont pas été pleinement exploités dans ce monde mais ça donne des idées, ça ouvre un nouveau champ de possible pour des plateformes 3D.

Le problème, c’est le boomrang de l’évangéliste. Promouvoir une technologie avec force, c’est toujours s’exposer à un retour de baton quand les promesses ne sont pas à la hauteur. C’est connu comme le “Trough of Disillusionment” dans le hype cycle de Gartner ou sous d’autres noms en gestion de l’innovation.

Le problème c’est que le retour de boomrang a souvent tendance discréditer une technologie complète alors qu’en réalité c’est juste une application en particulier qui a été surestimée ou pire, un plan d’affaire qui ne tournait pas rond.

C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai toujours une certaine réticense à provoquer beaucoup d’agitation autour d’une nouveauté, même si j’y crois beaucoup.

Il me semble que c’est chez Marc que j’ai lu récemment une citation qui disait quelque chose comme “Il vaut mieux promettre peu et faire beaucoup que l’inverse”. L’évangéliste ou encore le champion permet de faire avancer les choses mais en promettant trop pour attirer l’attention et aller vite, il prend également un risque à plus long terme de discréditer un domain plus vaste encore.

J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer sur l’utilisation abusive des chiffres. Via monsieur Snyder, j’ai eu l’occasion de tomber sur le blogue antagoniste.net. Comme le dit son titre : l’actualité autrement. C’est un site intéressant car il aime bien prendre des énormités et des mythes et il essaie de les déconstruire.

Cependant il aime bien utiliser des données brutes, sans aucune interprétation. Je veux bien mais c’est un peu juste. Du moins ça peut cacher une réalité différente.

Deux exemples (je ne dis pas que mon interprétation est la bonne, je présente juste des éléments qui peuvent modifier l’interprétation)

  • Le taux de décrochage des élèves, où l’auteur du blogue montre une courbe sur le décrochage des élèves à l’école sans explication. On y voit clairement que ce taux a augmenté sous les péquiste et baissé rapidement en 2004 sous Charest. Mettons. Premièrement, quand on regarde le graphique à la source, on se rend compte que les variations ne sont pas aussi importantes mais plutôt une stagnation depuis le milieu des années 1990.

Surtout quand on regarde comment sont obtenus ces chiffres la vision change. Le taux de décrochage est obtenu en combinant le nombre d’élèves avec le nombre de diplômes secondaires délivrés. En d’autres termes, le fait de rendre le diplôme plus difficile d’obtention fait automatiquement augmenter ce taux de décochage, même si la non-obtention du diplôme n’est pas ce qu’on appelle communément du décrochage.

Par ailleurs ce genre de chiffre facile détourne facilement l’attention du sujet de préoccupation. Le problème dont on traite généralement est le décrochage des gars. Ainsi en 1979, les taux de décrochage pour les filles de 18 ans était de 33% contre 38% alors qu’en 2004 c’était 13% contre 22%. Et c’est un problème. Les données agrégées cachent souvent des tendances contradictoires plus locales.

La raison pour laquelle le PQ (que je ne supporte pas du tout) parle de reconstruire un Québec plus instruit tient aussi au niveau de l’éducation publique. La qualité de l’enseignement public est-elle en baisse ? Je ne sais pas mais je ne pense pas que les taux de décrochage soit un indice suffisant, c’est un élément parmi d’autres. Un indice utile sauf si cette baisse du décrochage est en fait le résultat d’une plus grand tolérance dans l’obtention du diplôme (ce qui est souvent déploré).

  • Le nombre de médecins : Où l’auteur du blogue démontre que le Québec a plus de médecin que le reste du Canada sous-entendant qu’on n’en a pas besoin de plus. Bref, ceux qui ne trouvent pas de médecin doivent être comme l’auteur qui en fait n’en veut pas. Ou alors ils cherchent surement très mal…

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Pourtant la répartition géographique montre une réalité qui fait réfléchir : les banlieues sont désertées par les médecins, à cause des quotas à la con, ce qui contraint les patients à aller à Montréal ou à rester dans médecin.

Ensuite au lieu de regarder les chiffres au Canada, on peut regarder ailleurs. Pour un taux de 2,05 médecins pour milles habitants au Québec, on en trouve 2,56 aux USA et 3,37 en France.

Un commentateur fini par pointer un élément intéressant permettant d’analyser les chiffres sous un autre angle : les médecins québécois sont nettement plus des femmes que dans le reste du Canada. Et les femmes travaillent quelques 8 heures de moins par semaine. C’est un point intéressant.

En réponse de quoi l’auteur du blogue écrit :

Bref, dans le ROC on fait plus avec moins. De quoi amener de l’eau au moulin de Lucien Bouchard.

C’est une vision des choses. Il n’en reste pas moins le fond du problème : il est très probable que le nombre d’heures travaillées au Québec ne soit pas nettement plus élevé que dans le reste du Canada. Pour connaitre nombre de Québécois (ou d’immigrants) qui cherchent un médecin, je doute que ce soit un choix culturel de ne pas avoir de médecin comme sous-entendu, mais effectivement une pénurie, une mauvaise répartition ou un choix culturel des médecins québécois de travailler moins (auquel cas, il faut effectivement compenser par plus de médecin). Who knows.

Bref des chiffres pour démonter les mythes oui, mais avec rigueur.