Stéphane et moi, nous avons nos petites lubies entre nous, comme tous les couples (enfin j’imagine… j’espère ;).

Par exemple, nous aimons bien nous vouvoyer, à l’occasion (en fait, assez souvent).

Et nous aimons beaucoup parler au second voire au troisième degré…

Mais ce qui est très drôle, c’est quand on s’échappe dans un lieu public et qu’une âme charitable intercepte nos propos.

Un couple de moins de 30 ans qui se vouvoie dans un magasin, je vous jure que ça fait hausser des sourcils sur son passage.

La dernière en date : nous avons découvert un magasin de vêtements qui m’a bien plu et je me suis déchaînée. J’ai acheté un pull et aussi deux sacs à main. Une vraie folie, par rapport à mes habitudes d’achats (assez modestes).

Du coup, Stéphane m’a dit que c’était “parce que je suis une vraie fille” ! Évidemment !

Je ne vous raconte pas les regards courroucés de féministes effarouchées dans notre sillon. Quel salaud de tenir de tels propos ! C’est immonde !

Le second degré est parfois subtil, surtout pris hors contexte. La prochaine fois que vous entendez un jeune homme sortir une énormité comme celle-ci à sa copine, demandez-vous d’abord à quel degré il parle, avant de lui lancer des oeufs et des tomates.

On peut bien rigoler un peu dans la vie, zut à la fin.

Y aurait-il dans l’assistance des personnes qui connaitraient un moyen de récupérer d’un coup mes photos Flickr ?

Comme je le disais récemment, je ne vais pas renouveler mon compte. Cependant j’ai près de mille photos (1003 exactement) dont plusieurs sont des versions retouchées que je n’ai pas conservé “en local”. J’aurais donc voulu tout récupérer (et éventuellement les transférer sur le compte de Femme dont nous allons poursuivre l’abonnement a priori).

C’est certain que c’est faisable avec les API flickr, mais je n’ai rien trouvé pour le moment. Une idée ?

Update : À force de chercher, j’ai trouvé : FlickrBackup ! C’est ça qui est bien avec Internet ; quand on a un problème, il y a toujours quelqu’un pour avoir eu le même… et pour l’avoir résolu :)

Ça m’a récupéré 80% des photos toutefois, j’ignore pourquoi certaines ne veulent pas venir…

À plusieurs reprises par le passé, je me suis demandé s’il serait possible d’utiliser les ondes cérébrales comme un contrôleur de jeu. Plusieurs expérimentations existaient déjà, mais il existe maintenant un vrai utilisation tournée vers le jeu et qui fait même l’objet de mini-tournoi (sous forme de démo) : Le Mindball.

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Le principe : deux joueurs face à face avec un bandeau autour de la tête et une bille pouvant se déplacer sur un rail placé devant eux. Les bandeaux captent les ondes alpha et thêta synonymes de relaxation ; le joueur avec le plus haut niveau repousse peu à peu la bille vers son adversaire jusqu’à le battre. On pourrait surement imaginer un jeu inverse où c’est celui qui déclenche la plus puissante tempête cérébrale qui gagne, mais ça risque de faire des fous !

J’aurais tendance à dire que le monde des consoles de jeu va vers une évolution majeure. La course à la puissance de Sony et Microsoft ne pourra pas continuer bien longtemps tant la qualité graphique est déjà proche de la perfection. Nintendo avec sa Wii et sa DS a ouvert la voie vers des modes de contrôle plus variés. On pourrait très bien imaginer des ajouts à ce qui existe, notamment un bandeau comme celui du Mindball. Lorsqu’un joueur est plus calme, il serait plus plus puissant, plus rapide, etc. dans le jeu.

Bon, ok, pour le moment ce gadget vaudrait 19.000$, mais c’est un début !

Trouvé chez Internet Actu.

Update : Plusieurs photos sur Flickr également. Visiblement, plusieurs de ces gadgets sont disponibles à travers le monde, notamment un à Nashville.

Attention : contient du Pr0n virtuel, not work, children and dog safe

Après de trop courtes séquences ces derniers mois, j’ai décidé plonger un peu plus dans Second Life grâce à mon nouvel ordi. Puisque cet univers defraie la chronique récemment, je vous invite à suivre quelques unes de mes excursions dans ce monde et les conclusions hautement philosophiques que j’en tire. Si vous ne connaissez pas Second Life, suivez mes traces, vous ne serez pas déçus.


Second Life (SL pour les intimes) est un metaverse, un univers dans l’univers ; imaginez un Web en 3D et vous n’êtes pas trop loin : On est un avatar, une incarnation virtuelle, pouvant voler (ou marcher, mais c’est moins drole) et se téléporter de place en place. Certains disposent, moyennant finances, de leur territoire (le pendant du site web) sur lequel ils peuvent construire des tonnes de choses.

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C'est cool... voler !

Contrairement au Web dans ses premiers temps, SL fut immédiatement tourné vers la monétisation des échanges notamment avec la mise en place du Linden Dollar. C’est un caractère qui a rapidement l’attention, y compris des entreprises. Lorsque vous arrivez dans ce metaverse, vous êtes habillés bien simplement. Heureusement, vous pouvez acheter facilement des vêtements, des tatouages, des coiffures, des mouvements et même des membres supplémentaires ainsi que des actions, des véhicules et des maisons (à conditions d’avoir un terrain).

À défaut de les acheter, vous pouvez les construires vous mêmes… pour les vendre ensuite ! D’ailleurs, Linden Labs, l’éditeur, ne vend pas grand chose hormis les terrains (et les Linden Dollars). La majorité des transaction se font d’individu à individu. Les objets créés peuvent être librement réplicables ou disposer de droits de propriétés (impliquant des ventes, sous forme de réplication unique). La liberté est à peu près total, les constructions et les scripts en tous genre se sont donc développés rapidement.

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Par défaut, rien entre les jambes...

Et qui dit argent et liberté dit également invasion par le cul et par le jeu. Ça n’a pas manqué, rapidement des utilisateurs ont développés des membres sexuels avec des propriétés qui déclenchent des actions. Ainsi chacun a désormais la possibilité d’avoir une grosse bite avec des piquants. Les mouvement et les positions nécessaires pour “utiliser” ces membres sont également facile à développer et se vendent comme des petits pains. Idem pour les machines à jeux et les boîtes de nuit où les déhanchements sont extrêment suggestifs. Résultat, sur les 20 lieux les plus fréquentés, la quasi-totalité sont des lieux de vices. D’ailleurs, pour pouvoir se payer plus d’objets, plusieurs personnes se sont lancées dans la prostitution transformant ainsi Second Life en gigantesque lupanar.

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Dans un bar à pute... virtuel

Récemment Michel Leblanc s’est fait écho d’une liste de 13 points qui pourraient présenter un retour de flamme pour Second Life (d’ailleurs, c’était assez ironique). L’aspect «porn & gambling» était lié à plusieurs de ces éléments. Historiquement le porn a largement participé au développement d’Internet, je ne vois pas pourquoi il en serait autrement ici. Par ailleurs, cet environnement a le potentiel de canaliser les fantasmes et d’offrir un très bon exutoire, qui s’en priverait ? Ainsi certains ont pour avatar des animaux (les furries) d’autres prennent la forme d’enfants avec des couches (ça devient plus embêtant quand les enfants -virtuel- se mettent à faire des fellations à des adultes, mais passons). Bref, on ne dira pas que c’est moralement très acceptable mais rien là qui puisse nuire au développement, au contraire (Rappelons par ailleurs qu’il faut avoir plus de 18 ans pour accéder à SL).

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Harry Potter... hard !

Première conclusion : SL, c’est beau, un peu futile certes, mais comme Internet au début. Mais est-ce aussi beau ? Et quel est le potentiel ?

D’abord tout n’est pas rose pour accéder à ce joli monde ; avant d’y acheter un monstre à se mettre entre le jambes pour faire frémir madame, il faut un monstre en guise d’ordinateur. Mon beau Mac tout neuf avec un Dual Core 2 peine réellement, l’affichage est lent, grossier et donne une vision morne et place. C’est pas compliqué, sur les 3 ordi que nous avons à la maison, aucun n’est suffisamment puissant pour permettre une expérience de jeu plaisante. C’est la raison pour laquelle, bien que m’intéressant au sujet depuis plus d’un an, je totalise moins d’une vingtaine d’heure “in-world”. Ça prend également une fort bonne connexion Internet (que nous avons, mais ce n’est pas le cas de tout le monde).

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Créer un salto arrière pour SL

Ensuite, c’est largement vide. Le territoire est gigantesque mais 95% des endroits sont des constructions inhabitées. Les 5% restants sont des boîtes de nuit où chacun peut essayer ses derniers mouvements à la mode, des casinos ou encore des magasins pour acheter vêtements, coiffures et bites (ou des nichons en silicone virtuel pour madame). Il y a bien des événements intéressants comme un gourou qui donne une conférence ou un prof d’Harvard qui donne des cours, mais c’est rare, il faut être au courant et se pointer au bon moment. Par ailleurs, la recherche d’information y est passablement difficile puisqu’hormis les noms des lieux, des groupes et des personnes, rien n’est indexé pour la recherche. Que voulez-vous, Google nous a habitué à trouver facilement.

Mais ce qui m’ennuie le plus dans ce monde, c’est le modèle économique. Pas le modèle économique de l’entreprise, mais le modèle “in-world”. Un exemple : il est possible d’acheter des Linden Dollars avec des dollars réels. Il existe même le “LindeX” qui donne le cours du Linden Dollar. Sauf que sa valeur est quasiment constante… Pourtant récemment, un mini-scandale a éclaté alors que des âmes malveillantes ont utilisées un programme nommé CopyBot qui arrive à copier (gratuitement) des objets normalement en vente. Les effets réels (les vols avérés) furent faibles, mais un effet de panique eu lieu, ce qui n’est pas étonnant puisque ça remettait complètement en cause la logique de propriété au centre du modèle économique dans le monde (comme dans la vraie vie). Cependant, le Linden Dollar n’a quasiment pas bougé ce qui est un non-sens puisqu’il y a eu virtuellement un effondrement économique.

Ceci pour dire que ce monde monétisé est un monde en carton… virtuel. Les investissements qui y sont fait sont sans valeur. Que les serveurs s’arrêtent, tous les investissements s’envolent. Qu’un outil de copie massive des objets soit disponible à tous et plus rien ne vaut quoi que ce soit. Surtout recours devant qui que ce soit, aucune justice, aucune institution. Je lis des personnes qui parlent réellement de Second Life comme une réelle économie, mais c’est un leurre et dans ces conditions tout investissement (ne serait-ce qu’en temps) est potentiellement à perte. Tout est décidé par le fameux “terms of service”. Si ces TOS changent (ce qui arrive) et que je refuse de les accepter, je perds tout.

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Pluie de bites

Et la décision récente de Linden Labs de mettre la partie client en Open Source/GPL ne change rien au problème, au contraire ! Ceci donne plus d’ouverture pour des utilisations malveillantes (comme CopyBot voire le vol pur et simple d’identité et d’argent). Pour peu que le protocole ne soit pas bien contruit, il peut donner accès à toutes les structures de l’environnement, rendant ainsi tous les objets disponibles à tous. Et pour le coup, je sais de quoi je parle, c’est mon boulot de vérifier ce genre de chose. Par ailleurs, ça ne change rien au problème de fond puisque les serveurs eux, restent fermés et propriété de Linden Labs qui reste ainsi unique maître à bord.

Considérant le parallèle entre SL et le Web, les objets développés in-world peuvent être comparés à des pages web et à des éléments graphiques. Si le serveur web sur lequel je suis hébergé ne me plait pas, l’interopérabilité et la standardisation me permet de changer d’endroit. Dans le cas de Second Life, même la mise en Open Source de leur code client ne changera rien au fait que mon investissement est bloqué chez eux. Maintenant, s’ils mettent leur code serveur en Open Source et sans conditions d’utilisation alors chacun pourra lancer son serveur. Alors, on pourrait imaginer un réseau, à l’image du Web, où chaque ressource pourrait être localisée n’importe où et avec une possibilité de transfert du contenu. Là on pourrait parler de pérénité. Ça ne réglerait pas tous les problèmes mais ça engendrerait des possibilités infinies. En effet, partant de là, chacun, sur son serveur serait libres de mettre en vigueur de nouvelles lois de la physique par exemple, ou simplement des règles de vie. L’ouverture et la standardisation de l’environnement lui donnerait également une reconnaissance permettant d’en réglementer certains aspects et donc d’avoir des institutions nécessaires permettant un minimum d’assurance dans ce qui s’y passe. Tout le monde y gagnerait, en premier lieu les entreprises souhaitant y développer un vrai commerce.


Ça c’était pour les cotés négatifs. Mais la raison pour laquelle tant de gens s’excite c’est que le potentiel est là. Quel potentiel ? La continuation du Web, d’Internet en général. L’aspect pédagogique est évident avec la mise à disponibilité d’informations riches dans un contexte simplement compréhensible. On peut envisager qu’avec la temps, la création de contenu sera elle aussi faciliter. Ce que montre déjà Second Life, c’est la capacité d’avoir un haut niveau d’interactivité assez facilement.

Bien entendu, l’aspect social et rassembleur est central et c’est surement ce qui pousse l’intérêt actuel. Les présentations qui ont eu lieu montrent l’intérêt, là encore en terme d’interactivité, de réalisme et de variété d’interaction. Personnellement, il ne me semble pas fou d’imaginer une grande conférence sur… les changements climatiques par exemple, se dérouler sur un Second Life : on évite les coûts de déplacements, la pollution qui va avec tout en pouvant rassembler du monde qui ne serait pas disponible pour d’importants déplacements. Les applications possibles sont quasiment sans borne. Et dites-vous que si cette hypothèse peu paraître farfelue, évoquer l’utilisation actuelle d’Internet il y a dix ans auraient fait le même effet.

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Conférence d'Howard Rheingold

Les autres applications et les évolutions possibles sont nombreuses. L’un des problèmes actuels de Second Life est la fugacité de l’action. Mettons qu’une conférence ai lieu. Il existe bien un moyen d’enregistrer ce qui se passe sous forme de vidéo, mais c’est malaisé et la relecture difficile dans ce monde. A contrario, il ne serait pas très compliqué d’enregistrer l’intégralité des actions dans un volume donné. A posteriori une personne pourrait rejouer l’action et se déplacer librement dans le volume enregistré. Le résultat serait une pérénité de l’information actuellement difficile. Ceci aurait l’avantage de rendre une conférence disponible de partout et en tout temps !

Le micro-paiement, ce serpent des mers d’Internet, paraît également plus proche que jamais. En effet, nombreux sont les objets en vente pour quelques dollars linden soit quelques centimes de dollar. Étant donné la richesse possible dans cet environnement, on pourrait très bien vendre certaines choses de faible valeur comme des données, des petits services et autres. Fondamentalement je ne suis pas forcément très partant pour cela car c’est le meilleur moyen pour se retrouver à payer pour tout et pour rien (c’est déjà un peu le cas dans SL) mais c’est tout de même à envisager comme développement.

Globalement l’univers des possibles pour Second Life est vaste, très vaste ! Il faut entrevoir une période agitée suite à la récente ouverture du code source du client. Les faiblesses techniques déjà connues seront surement exploitées ce qui risque d’affaiblir le modèle économique “in-world”, effrayant un peu les entreprises.

La grande question est de savoir où Linden Labs veut se rendre ainsi : ouvrir le client Second Life, c’est utiliser le potentiel des nombreux utilisateurs qui sont éminemment une population productrice : amélioration du client, créations de variantes ainsi que d’outils pour lié SL au Web et aux unités mobiles, tout devrait y passer. Mais si ça allait plus loin ?

En restant avec des serveurs contrôlés, Second Life risque de ne rester qu’un autre Wow ou un environnement social un peu plus riche qu’Orkut mais finissant par stagner. Au contraire, si l’ouverture se fait aussi au niveau du serveur, on peut envisager des développements similaires à Internet avec des expériences de toutes sortes. Dans ces conditions on peut prédire une généralisation d’environnements immersifs liés les uns aux autres. Du cul oui, des casinos comme sur le Web, des désagréments que l’on ignore déjà mais aussi des idées impensables aujourd’hui.

Cependant j’ai du mal à voir quel pourrait être l’intérêt pour Linden Labs de libérer complètement leur logiciel, quel modèle financier pourrait ressortir ? Le développement du web a montré avec quel facilité une technologie libre peut se développer. Il est aussi évident qu’il n’en serait pas allé de même si une entreprise avait détenu la propriété intellectuelle de l’hyperlien par exemple. Par ailleurs, Internet (le Web, les newsgroups, le courriel) s’est toujours développé sur des technologies simples et faciles à mettre en oeuvre, ce qui pourrait être un frein au développement de Second Life.

Enfin, il faut également considérer Second Life comme un frein au vrai développement d’environnement immersifs “à la web”. En effet en rassemblant les individus intéressés au développement de tels technologies mais en les maintenant dans un univers fermé, ceci pourrait nuire à une technologie plus ouverte mais requérant du monde pour se développer. Et en bout de ligne, je me demande si ce n’est pas cette vision qui me semble la plus réaliste. En effet, je vois mal Linden Labs aller jusqu’au bout de la logique d’ouverture avec pour conséquence de bloquer de développement d’une solution globale (Notez bien que ce n’est pas l’aspect “open source” qui est central mais une standardisation et la possibilité d’avoir une infinité de solutions et d’entrants dans le domaine).


Les images “Harry Potter hard” viennent de Something Awful.

Pour voir les nuisances et les bêtises faites sur SL, vous pouvez également regarder “pluie de bites” ainsi que les histoires d’extortion de fonds.

Pour une vision plus optimiste sur le potentiel de SL, je conseil l’article de Wired sur la propriété intellectuelle dans SL

Enfin, un peu plus éloigné, des recherches montrent que les environnements immersifs peuvent provoquer des réactions physiologiques équivalentes au monde réel.

Dans un stage de gériatrie (moyenne d’âge de 85 ans), on a forcément plein d’anecdotes croustillantes à raconter.

J’arrive sur l’étage et je vais voir comme d’habitude cette patiente toujours charmante, souriante et agréable. Et toujours soit allongée, soit assise, passivement. Elle m’attend debout, impatiente. Elle veut s’en aller immédiatement. Son discours est plus ou moins cohérent, je ne comprends pas tout. Chose certaine, elle a décidé qu’elle devait s’en aller sur-le-champ, en jaquette d’hôpital, même s’il fait -15 degrés dehors, et ceci est non raisonnable par des arguments simples mais percutants. Elle veut sortir par le balcon, ou la fenêtre. Elle se fâche si on essaie de l’en empêcher, nous menace de sa marchette, cherche à nous frapper, se met à pleurer. On essaie de connaître la raison de ce désagrément subit et elle redouble de colère, la chose étant personnelle et ne nous regardant pas. Elle erre dans les couloirs à toute vitesse, arrache son bracelet d’identification, brutalise la porte du balcon… En tout cas, elle est beaucoup plus énergique que je n’aurais cru !

C’est ce qu’on appelle un délirium. C’est une condition fréquente chez la personne âgée, dont le cerveau est fragile et peut “décompenser” de la sorte à la moindre infection, au moindre changement de médicament, etc. C’est temporaire et il suffit de régler le problème médical pour retrouver la charmante personne d’auparavant. Rien à voir avec la démence, donc.

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La seconde dame, elle, souffre bel et bien d’une démence. Même si au premier coup d’oeil, cela ne paraît pas trop, étant très partiellement compensé par d’excellentes habiletés sociales.

On l’a retrouvée un matin les deux pieds dans le lavabo, pour les laver. Elle a bien failli se casser la figure, l’équilibre, l’agilité, etc. étant bien plus précaires à cet âge.

La dame est d’origine française. Je me demande quelle ancienne habitude lui revient ainsi pour la forcer à se laver les pieds dans un lavabo, en position aussi acrobatique. Pourrait-elle avoir pris cette habitude avec un bidet, autrefois ? Est-ce un usage répandu de cet objet domestique très intéressant ?

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Beaucoup de personnes âgées sont désorientées. Quand on leur demande en quelle année nous sommes, je ne sais pas pourquoi, mais toutes m’ont répondu cette semaine “1967”, ou “1966”, quand ce n’est pas plus farfelu encore (1200, 2700, etc.).

Qu’est-ce qu’il y a donc avec les années soixante, pour qu’elles y reviennent toutes ainsi ? Une simple ressemblance sonore ?

Ou bien des années tellement marquantes que quand on vieillit, on finit par y vivre tout le temps, dans sa mémoire ?

~~

La troisième patient, on ne sait pas trop si elle est délirante. C’est toujours difficile à évaluer, au premier coup d’oeil comme ça. Après tout, il y a des gens qui vivent toute leur vie en étant “bizarres”, et qui n’ont aucun trouble ! Celle-là était donc un peu bizarre, hypervigilante, avec une attention difficile à capter (mais aussi sourde comme un pot), se disant inquiète de manger du porc parce que c’est “dangereux” (?), me racontant entendre de la musique la nuit “dans les autres appartements” (de la musique à l’urgence ??), me racontant qu’il y a des “bandits” et des “policiers” (là, j’avais vraiment acheté l’hypothèse du délirium).

Et puis elle m’explique plus en détails qu’un homme est arrivé avec des menottes, qu’il criait, que de gros policiers l’ont maîtrisé.

Tiens, tiens, ça me rappelle quelque chose.

Ah oui, c’est bien ça ! Ça me rappelle mes nuits à l’urgence, avec leur lot de patients agités ou agressifs, intoxiqués ou décompensés !

À moins que je les ai inventés moi-même ? ;)

Alors, réalité ou délire ? On ne le saura jamais avec certitude…