Décidément, je fais mes choux gras avec Patrick Lagacé en ce moment. Voici un extrait d’un article du devoir concernant les suites de l’article de Jan Wong :

L'article du Globe a suscité hilarité et moqueries chez des internautes québécois. Furieux du fait que le Globe ait qualifié de «questions dérangeantes» les «affirmations» de Mme Wong, **un blogueur** a écrit hier: «Je vais moi aussi poser des questions inconfortables, même [...] si ces questions diffament. [...] M. Greenspon [éditeur du Globe], battez-vous toujours votre femme? Je ne fais que poser une question. On ne sait jamais, plusieurs hommes sont coupables de violence conjugale.» [Le Devoir](http://www.ledevoir.com/2006/09/22/118758.html) (mais il faut payer pour voir je pense)

Ce un blogueur dont on ne donne pas le nom n’est autre que Patrick Lagacé. En fait il s’agit quand même d’un journaliste dont le blogue est hébergé par un concurrent, c’est peut-être ça l’affaire. Les sources, les sources… Les blogueurs, les blogueurs…

Note : En allant copier-coller l’adresse du blogues de Patrick, je me rends compte que l’histoire est déjà chez lui, dénichée par Michel. (ancien chroniqueur au Devoir, est-ce utile de le rappeler) Fait chier, j’aurais pas l’exclu du super scoop… Ça m’apprendre à lire le Devoir à midi seulement !

Vous avez remarqué que ça bouge beaucoup au niveau des changements climatiques dernièrement ? Pour ainsi dire, c’est partout.

Deux événements ont particulièrement attirés mon attention

Le plan vert “made in canada”

Lors de son accession au pouvoir, le gouvernement Harper a remis en cause le respect des critères de Kyoto pour le Canada ce qui a provoqué la grogne des québécois, une population pivot pour son élection. Depuis le gouvernement a un position ambigue sur le sujet en attendant le plan vert “made in Canada” pour l’automne. Il semblerait que ce plan soit déjà pas mal avancé, qu’il circule et donc qu’il a des fuites. La grosse nouvelle, c’est que la province de Québec hériterait de 328M$, un montant initialement promis par le précédent gouvernement fédéral mais annulé par Harper.

Ce dernier a surement reconsidéré le risque politique de frustrer ainsi le Québec dans ses élans écologiques.

Cependant ce plan risque de ressembler à un grand saupoudrage. En effet, rien ne filtre pour le moment sur la volonté du gouvernement fédéral d’appliquer sérieusement Kyoto. Donner de l’argent à quelques provinces serait donc un geste pour calmer les plus agités du vert sans pour autant s’engager à des résultats à l’échelle du pays. Mais attendons, il serait capable de surprendre tout le monde.

L’église au secours de l’environnement

Après “An inconvenient truth”, le film d’Al Gore, c’est le tour de “The Great Warming”, un autre film docu sur la question des changements climatiques staring nuls autres que Keanu Reeves et Alanis Morissette pour la narration (alors la pilule bleue ou la rouge, Neo ?) (Ce n’est pas nouveau-nouveau, mais c’est une apparition récente dans mon radar).

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The Great Warming

Hormis l’impression que les changements climatiques semblent un sujet porteur, on peut lire que ce film s’adresse à une population inhabituelle : les croyants ! En effet, la communication sur le film semble très présente dans les paroisses, un peu à l’image de la Passion du Christ. Sur le site officiel, une rubrique “Églises et Synagogues” figure en bonne place.

Notons que les bons chrétiens américains sont habituellement plutôt Conservateurs ce qui amène leur vote à aller vers des “anti-environnementaux”. Sauf que détruire ce qu’a créé Dieu, c’est mal ! Ce type de campagne a le potentiel de faire basculer une partie de l’opinon américaine parmi les meilleurs électeurs conservateurs. Ceci dit, entre une argumentation politique “pro-vie” ou “pro-environnement”, je pense que nombre d’entre eux n’hésiteront pas, la vie humaine est beaucoup trop centrale dans la conception de ces gens.

Personnellement je demeure sceptique sur ce genre d’argumentation. Dans ce cas, Dieu ne veut pas de l’autoroute 25 parce qu’on va empêcher de naître deux lapinous. Enfin, pour changer, on fait un peu dire n’importe quoi à Dieu (mais on va quand même continuer la guerre en Irak).

À noter que le film est sponsorisé par le gouvernement canadien ainsi que la très québécoise Sodec. Y aurait-il des bidous canadiens et québécois là-dedans ?

Je viens de me rendre compte de petits problèmes techniques sur le blogue qui remontent surement au plantage de serveur datant du mois d’Août.

J’ai notamment remarqué qu’après avoir appuyé sur le bouton “Prévisualiser le message” quand on poste un message, cette chose stupide ne renvoie pas sur le formulaire d’écrire pour valider le message. La conséquence est que des commentaires ont pu ne jamais paraître car non validés (du moins, plus souvent qu’à l’habitude).

Je vais essayer de régler ça (et les autres problèmes) ce week end.

Mercredi 13 septembre 2006, un jeune homme est entré dans un collège pré-universitaire de Montréal armé de 3 armes à feu pour tuer. Hormis l’auteur, tué par les policiers, il y a à ce jour un décès, 2 ou 3 personnes état grave et une quizaine de blessés au total.

Une heure après le début de la fusillade, les sites de nouvelles, les blogs, tout ce qu’Internet compte de sites québécois un minimum réactifs est rentré en ébulition. Immédiatement, les sites de référence (Radio-Canada, Canoé, Cyberpresse) ont montré des signes de faiblesse, preuve qu’ils n’ont pas appris du 11 septembre 2001 où la majorité des sites de référence de l’époque étaient devenus inaccessibles.

Dans le même temps, les hypothèses fusaient : 1 suspect, 2, 3 peut-être. À Dawson, dans un centre commercial, dans un autre Cegep, dans le métro, dans un centre commercial. Blond, ou non, visiblement armé ou non, sri lankais, indien, blanc, who knows ? Certains blogues relayaient aussi vite que possible des informations dont certaines étaient erronées.

Dans quel intérêt d’ailleurs ? Quel est l’intérêt de relayer des informations clairement hypothétiques ? Qu’est-ce que ça peut bien changer pour ceux qui, proches ou non des possibles victimes, sont et doivent rester en dehors de l’action ?

Moins de deux heures après les faits, Cyberpresse a déjà déterré son dossier sur la fusillade de Polytechnique (Montréal) ainsi que celui concernant Columbine, parce que les morts tragiques ne peuvent jamais se reposer tranquilles.

L’information est une drogue à accoutumance, c’est un fait connu. Et comme l’alcool, la cigarette, des entreprises font leur vie dessus, et plus c’est fort, meilleur c’est. Comme l’indiquait Éric le matin même de la fusillade, les sites d’information n’hésitent pas à utiliser la mort pour attirer le traffic. Inutile de dire ce que peut représenter un événement comme une fusillade pour un site d’information. D’ailleurs, les difficultés d’accès à ces sites le montre bien.

Les diffuseurs de contenus quelqu’ils soient enchérissent sur les appels à témoin, tout est prêt : lignes téléphoniques, journalistes attentifs, SRC créant pour l’occasion l’adresse fusillade@radio-canada.ca, quel bon goût. Blogueurs, professionnels ou non, relayent encore l’information, pour ajouter aux images, les témoignages d’horreur. Patrick Lagacé se défend : tous les médias font ainsi. Quand j’étais petit, quand je faisais une connerie en suivant le troupeau, ma mère me disait “Si tout le monde se jette du haut d’une tour, est-ce que tu feras pareil ?”.

Et dans un élan général, chacun entre dans une transe de peur, accroché à la télé, à la radio, à Internet et avale jusqu’à la nausée des clichés qui ne changent en rien les événements. Mais le lendemain, chacun va s’empresser de regarder d’un air craintif celui qui parle tout seul, celui qui est un louche, l’exclu en fait, celui qu’il faudrait aider.

Les médias excellent dans la création de scenario et de symbole. Le fou en noir qui s’acharne sur la princesse en rose, le casting est trop parfait pour ne pas en faire une histoire.

Et dans le même temps, ce déchainement médiatique donne raison au tueur. Il était exclu, voulait mourir glorieusement, il voulait une reconnaissance qu’il n’a jamais eu de son vivant et la couverture médiatique lui a donné ce qu’il voulait.

Oh non, bien entendu, on ne veut pas encourager les autres à faire pareil en faisant un tapage du tonnerre autour, on veut juste informer !

Bientôt, nous verrons des personnes, loin de l’action, présenter des symptômes post-traumatiques tellement, devant leur téléviseur les mettaient proches de l’action. Nous pouvons enfin espérer devenir une génération de traumatisés, psychotiques en puissance, agressés de partout et vivant dans l’effroi et le délire de chaque événement mortel à travers le monde.

Chaque événement ? Non bien entendu. 400 suicides par an chez le 15-34 ans au Québec. Quelle couverture ? Et le gouvernement va-t-il indemniser, comme il va le faire pour la famille de la victime, les piétons et cyclistes renversés par un connard pressé ou un alcoolique au volant ? Il semble préférable de mourir au main d’un fou sanguinaire !

Par ailleurs cette recherche d’information est aussi une machine à pointer du doigt. 12 heures après les événements, le nom du tueur est diffusé, bientôt connu de tous. Inutile d’expliquer la situation inconfortable, impossible, des proches et de la famille qui auront besoin d’un support pour ne pas sombrer mais qui risquent plutôt d’être regardés de travers, voire accusés. Des hordes de journalistes se sont rués chez la famille au point de demander l’aide de la police.

Le plus choquant c’est que ceux qui ont décidé de relativiser la situation ont été considérés comme indignes. Ainsi, le service public a décidé de couper sa couverture en fin d’après-midi pour reprendre sa grille normale. Grand mal lui a pris, au point qu’une chroniqueuse mal embouchée a pondu un “Pauvre Radio-Canada !” pour fustiger ce comportement. Il faut couvrir le sujet, il faut faire durer des heures même s’il n’y a plus rien à dire, il faut que ce soit traité avec importance.

Un jour, il faudra faire la différence entre communication d’urgence et information. La communication d’urgence (visiblement lacunaire) concerne un nombre limité de personnes qui ont besoin d’une information crédible car directement impliquées (pour le cas présent, ça peut concerner les parents d’élèves, donc certains ont appris bien tard dans la journée que leurs enfants étaient blessés… voire mort). Les medias se croient visiblement investis d’un devoir de communication d’urgence… sauf qu’ils racontent n’importe quoi pour des raisons évidentes : les sources sont le tout venant. À confondre les genres, c’est le bordel.

Alors, face à ce bordel, je choisis le recul. J’ai choisi, ce jour-là, de ne pas rester rivé à la TV, à la radio ou Internet.

De nos jours les débuts de la Grande Évolution sont souvent oubliés. Tout commença durant les années 2000. À cette époque l’humanité souffrait d’un mal alors sous-estimé : la dépression.

Les bien-portants fermaient les yeux, le tabou d’une civilisation et un cancer fulgurant. Un nombre croissant d’individus se trouvait sous traitement anti-dépresseur mais plus encore souffraient en silence, sans traitement. La société tournait au ralenti, les coûts de santé étaient incontrolables, les douleurs de l’esprit étant transférées au corps.

Bientôt, par l’entremise des lieux d’aisace, des concentrations non-négligeables de médicaments pour l’esprit apparurent dans les cours d’eau. Prozac, lithium, benzodiazépines en tous genres se mélangeaient joyeusement dans une formule qui s’avèra magique, pour reprendre le chemin de gueules humaines via les centrales de traitement des eaux qui ne filtraient pas ces composés.

Il apparut rapidement qu’à mesure que les concentrations augmentaient dans les cours d’eau, l’état psychologique de la population s’améliorait : moins de dépression à traiter et des relations humaines empruntes de bonne humeur.

Un consortium de firmes pharmaceutiques et de traitement des eaux fut alors créé sous l’égide d’une ONU moribonde pour traiter l’eau mondialement. Après quelques essais réussis dans les pays occidentaux, les plus touchés, il fut décidé que chaque millilitre d’eau potable à l’échelle mondiale devait recevoir le mélange magique. La Grande Évolution était lancée.

Et les résultats furent supérieurs à toute attente : les actes terroristes, grande menace de l’époque, déclinèrent ; les suicides, les actes de violence gratuite, les tueries aveugles disparurent en l’espace de 2 ans ; les pays et les dirigeants qui refusaient l’implantation du traitement ne purent résister longtemps et même les conflits de longue date entre pays finirent par se régler. L’homme put ainsi transcender son essence même, faite de tristesse, pour accéder à un stade supérieur. Nombre de barrière psychologiques ont disparu, le spleen non productif également. Les sociétés humaines sont vives, intelligentes et constructives, voguant vers le futur dans un hymne commun à la vie heureuse !

Certes, il y eu quelques dommages collatéraux : certaines espèces aquatiques, notamment parmi les crustacés les plus sensibles virent leur cycle débalancé et s’éteignirent. Mais qu’est-ce au regard d’une Humanité enfin pleine de joie ?