The flush toilet is the basis of western civilization. (Alan Coult)

Using words to describe magic is like using a screwdriver to cut roast beef. (Tom Robbins)

The only man who never makes a mistake is the man who never does anything. (Theodore Roosevelt)

Bien entendu, je ne pouvais pas faire un séjour en France sans bien bouffer. Hier nous avons donc décidé d’aller dans un restaurant moyenne/haute gamme (menu à 30€ pour donner une idée) près d’où ma mère est en rééducation.

Si la bouffe était bonne (franchement j’attendais un peu mieux vu le prix, mais bon), ce fut nettement plus laborieux pour le service. Je pense que nous avons hérité du petit nouveau qui n’était pas du tout briefé. D’abord il accepte de nous prendre un menu normalement pas servi le samedi soir (alors que lui avions signalé ça, mais il nous disait que c’était ok, jusqu’à ce qu’il revienne la queue entre les jambes pour nous faire changer). Ensuite il s’est monumentalement planté sur la seconde commande. Dix minutes plus tard il revient pour demander à A. si elle ne veut pas prendre tel plat sans nous expliquer quel est le problème…. en réalité il avait oublié un plat.

Du coup quelques instant plus tard il nous ramène 3 plats en nous disant que le 4ème va arriver dix minutes plus tard, on lui demande de tout ramener et de tout servir en même temps… Le tout avec force courbettes, gestes pseudo-professionnels haute gamme, mais qui met du vin partout quand il remonte la bouteille, enfin bref, une vraie catastrophe.

Mais bon, il s’est excusé platement vers la fin et je trouve qu’il a été courageux car il a continué à être souriant alors qu’à sa place j’aurais été démoralisé.

Aujourd’hui, profitant du temps clément, mes hébergeurs ont organisés un pic-nic de Paques au parc Monceau. Pour l’occasion, nous avons même colorés et décalcomanisés quelques vrais oeufs que nous avons caché avec des oeufs en chocolat.

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Les oeufs de Paques

Le reste du temps, nous avons mangé quiches et gateaux préparés pour l’occasion en plus de jouer au frezbee et autres jeux débiles… très agréable.

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Le parc Monceau

Ceci me prouve que je ne suis pas un ours fini. Je ne connaissais quasiment personne et j’ai pourtant très bien sociabilisé (sans quoi l’après-midi aurait été horrible). J’en déduit donc que je ne suis pas totalement inapte et que c’est avec les québécois que ça passe moyennent bien… plus principalement avec les amis de médecine de Ebb. Plus globalement je trouve les relations entre personnes plus chaleureuses ici qu’au Québec comme je l’avais déjà signalé à Ebb avant mondépart et ça semble se confirmer. Etonnant tout de même.

Rien de prévu aujourd’hui, j’ai donc décidé, après avoir changé d’hébergeur d’aller faire mon touriste et aller prendre quelques photos que je n’avais pu prendre avant mon départ de France.

Je vous préviens, si vous connaissez bien Paris, ce post n’aura aucun intérêt pour vous !

Début de la promenade au Trocadéro… qui est forcément en travaux quand j’y passe. La tour Eiffel est elle toujours présente et toujours avec un monde que j’avais oublié qu’il pouvait y avoir autant de monde en si peu de place.

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Jardin du Trocadero

Ensuite direction le coin de mon ancien chez moi, autour de La Madeleine où j’ai pu essayer la ligne 14 sur un bout du nouveau tronçon, entre Saint-Augustin et Madeleine justement. La nouvelle station est très belle, mais il faut croire que la ligne 14 est damnée puisque comme à Madeleine et sur d’autres stations de cette ligne de nombreuses coulisses de liquide brunatre parsèment les murs fraichement peints… et ça sent toujours fortement les égouts à Madeleine.

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Métro Madelein

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Un état policier la France ?

Ensuite j’ai pris la direction de la Concorde et sur le chemin j’ai pu localiser de quel endroit le capitaine prend certaines de ses photos. Ensuite j’ai remonté les Tuileries pour arriver au Louvre où j’ai finalement pris la ligne 1 direction la Défense pour retrouver mon nouvel hébergeur à son boulot.

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Un canard s'approche pour dire bonjour

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Une belle réussite

Le tout agrémenté d’un temps très parisien (gris) et frais. Mais au moins, c’est le printemps ici !

L’avion était là, j’avais mes billets et j’ai même pu regarder les premières minutes du match Bruins - Canadiens (à ce rythme là, je fais mieux de ne pas être au Canada pour regarder cette série).

Puis l’avion décolla, toujours cette douce sensation de fusée qui s’envole vers l’infini. Des étoiles et un ciel pur comme je n’en avais pas depuis mon séjour à Yellowstone, une aube partagée avec les Irlandais, moins d’une heure de sommeil (je n’ai pas réussi à m’endormir avec les douces mélodies de Yann Tiersen en revanche Rage Against the Machine fut d’un grand effet), une voisine sociologue un peu bavarde mais très gentille, et un vol qui se termine déjà.

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Lever de soleil de l'espace

L’arrivée fut nettement moins enchanteresse. J’avais souvent entendu des Français installés hors France parler d’un choc à leur retour en territoire natal après plusieurs années. Je pensais bien me rappeler de Paris, je voyais pas ce qui avait pu changer, et pourtant. Première constatation, les Français sont bel et bien des chieurs. Je suis désolé de le dire, mais c’est vrai : dès qu’il y a la moindre attente ça gueule (faut dire que c’est souvent mal organisé), ça essaie de doubler discrètos, ça fume alors que des messages répètent constamment que c’est interdit… bref le bordel ! Sans parler du fait que c’est crade. Je me rends compte qu’avant je ne faisais pas la différence entre moche et sale, je trouvais ça uniquement repoussant. Maintenant je peux le dire Montréal c’est moche (architecturalement parlant) et Paris c’est sale (en plus d’être moche par endroit).

Je savais que le tour en RER à partir de CDG me déplairait royalement car je pense qu’on ne fait pas pire pour entrer dans Paris. Arrivé sur le quai de la gare du Nord, attendant un train de banlieue pour repartir vers le Nord-Est, je me demandais ce que je faisais ici et j’étais certain de ne plus jamais vouloir vivre à Paris ! Des mendiants partout, toujours cette saleté, ces immeubles dissonnants et les uns sur les autres, l’horreur quand on est habitué aux espaces montréalais. Tellement horrible que je n’ai pas eu le courage de prendre des photos.

Puis le voyage en direction de Valmondois a tout changé. En quelques courts arrêts j’étais à Enghein-Les-Bains où on se croirait presque dans un village. Encore plus loin, soit à seulement 20 minutes de train, c’est presque la campagne, des petites villes typiquement françaises et très agréables. Quel choc entre cet endroit et la Gare du Nord, pourtant si proches, un choc que vivent quotidiennement des milliers de personnes dans ces mêmes rames.

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En train de banlieue

Ma mère, actuellement en rééducation fut bien entendu ravie de me voir. Malheureusement je ne pouvais rester que quelques petites heures avec elle car elle devait faire des exercice et j’étais attendu par mes hébergeurs d’un soir.

Le métro parisien, dont j’avais oublié qu’il était si court, a vraiment une âme avec ses rames qui grincent, les gens qui courent partout, ses stations au dallage blanc (j’avais également oublié l’énorme quantité de pub) ; ça change du métro de Montréal qui, même a l’heure de pointe, a presque l’air abandonné à coté !

Un petit repas en famille et un coucher vers 22h après plus de 40 heures d’éveil, le tour du cadran et je croirais presque que je suis dans l’horaire français.

Alors je vais seulement vous raconter ce qui se passe un peu ces temps-ci.

Vendredi dernier nous avons devancé un peu notre soirée TNM pour aller voir la pièce “L’Hôtel du libre-échange”, un Feydeau. Un bijou, un délice. Je ne connaissais pas du tout ce dramaturge et j’ai été enchantée. Il faut dire que je me trouvais dans un état humoristique aigu ce soir-là après la lecture des blogs de Pas folle et de celui de Jean-Philippe. Alors j’avais déjà des crampes dans le ventre à force de rire quand on est sortis de l’appart…

Ensuite on a passé le week-end chez ma maman, j’ai fait remplacer mes lunettes pour mieux voir au tableau à la fac, avec l’aide du bon goût d’Hoedic en la matière. Lui a fini de faire réparer ses dents. Notre chatte orientale (la noire aux yeux verts) a développé une toux bizarre qui s’est ensuite muée en éternuements intempestifs. Au point de ne plus manger, de ne plus miauler, d’être léthargique, d’avoir le poil terne. Je ne sais pas trop ce qu’elle a, va peut-être falloir l’amener voir un véto, j’attends de voir comment ça évolue.

On vient de recevoir les résultats des tests neuropsychologiques de mon p’tit frère, qui refuse d’aller à l’école depuis août dernier. Ça m’a semblé assez positif (les résultats). Ça dit qu’il est intelligent, plus que la moyenne. Qu’il a une bonne mémoire, une bonne capacité d’attention, de planification, de résolution de problème, etc. Qu’il a toutes les capacités pour achever son cégep, pour faire des études universitaires s’il le désire, même. Je pense que la lecture d’un tel rapport ne manquera pas de lui faire du bien. De lui donner sa juste valeur, à lui qui a tellement tendance à se dévaloriser.

C’est l’aspect émotif des tests qui est moins réjouissant. Il est en dépression. Il manque de maturité sociale. Toutes des choses que je pressentais déjà. C’est normal d’avoir des lacunes dans les habiletés sociales, quand on fonctionne sur le mode de l’évitement depuis des lustres. L’évitement qui, dans un cercle plutôt vicieux, perpétue la phobie sociale/la personnalité évitante (à moins que ce ne soit les deux).

Ce qui est positif dans tout ça (si si, sincèrement), c’est la prise de conscience des problèmes, leur acceptation et la motivation à travailler pour aller mieux. La mise en oeuvre de thérapies, aussi. Il fait de l’orthophonie depuis l’automne et a beaucoup progressé au niveau du bégaiement et des blocages. Il a commencé une psychothérapie en janvier, qui a l’air pour le moment plutôt cognitive. Il s’agit de modifier ses schèmes de pensée erronés sur lui-même, sur les autres, sur le monde. J’imagine qu’ensuite il y aura de la thérapie comportementale (behaviorale) pour apprendre à s’exposer par paliers à ses phobies, jusqu’à les surpasser. Ainsi qu’un apprentissage des habiletés sociales.

Du pain sur la planche, surtout avec un jeune homme aussi entravé par son langage. Tout est plus long, il faut savoir être patient. Il se dit encore très confus dans sa tête, très apeuré, très anxieux. Il faut respecter son rythme. La vie ne presse pas tant que ça, après tout.

Quand il sera prêt, il arrivera sûrement à penser à l’avenir, à se fixer des objectifs. Il faut trouver de la motivation, trouver son identité véritable (et non pas celle distordue, négative, pessimiste, qu’il doit avoir de lui-même). Alors peut-être, il pourra entamer des démarches d’orientation et retourner étudier.

Ça me fait du substrat de réflexion, en parallèle de mon cours de psychiatrie. Je me sens bien sûr de plus en plus interpelée par la psychiatrie. Faut-il fuir un domaine auquel on est si personnellement lié, par son histoire personnelle et familiale ? Cette attirance est-elle malsaine ? Un exorcisme ?

Je viens d’aller reconduire Hoedic à l’aéroport. Je pense que ce petit voyage lui fera le plus grand bien. S’exposer à un climat autre que sibérien, revoir les gens qu’il aime, sa famille, ses amis. Revoir les lieux qui lui sont chers et qui, accessoirement, répondent à un certain esthétisme. Se changer les idées, s’aérer l’esprit, prendre du recul, relativiser. Quand j’étais en France, j’avais besoin de revenir au Canada au moins deux fois par an. Lui a immigré ici depuis 1 an et demi déjà !

Alors je lui souhaite de bien profiter de son séjour et de saluer tout le monde là-bas de ma part ! :)