J’ai récemment commencé “Spinoza avait raison” (Je préfère le titre en anglais, “Looking for Spinoza” mais bon…) d’Antonio Damasio, un bouquin de vulgarisation scienitifique sur les dernières avancées des neuro-sciences dans le domaine des émotions.

Toutefois, ce qui m’a intéressé le plus, pour le moment, c’est cette quête de Spinoza qui amène l’auteur à rappeler le contexte dans lequel évolua le philosophe hollandais. On pense toujours à la France pour ce qui est Des Lumières, pourtant un bref regard un peu plus à l’Est nous montre un autre point d’ancrage de la révolution intellectuelle de cette époque. En effet Spinoza était voisin de Rembrandt et de Christiaan Huygens dans une Hollande démocratique très en avance sur la France de cette époque. Descartes ne s’y était pas trompé puisqu’il a passé une bonne partie de sa vie dans ce pays, sentant que ses idées par trop en opposition avec la vision cléricale du monde risquait de lui valoir bien plus qu’une mise à l’Index.

Cette histoire permet d’un peu mieux comprendre l’état d’esprit qui règne en Hollande presque 4 siècles plus tard. Ça donne aussi à réfléchir sur l’évolution de la société. Bien entendu, en ces temps reculés, tout n’était pas parfait, c’est ainsi que Jan De Witt, alors dirigeant du pays s’est trouvé renversé, assassiné puis dévoré par une foule en furie.

Toutefois, se pencher sur la dynamique des Lumières montre toute l’ouverture d’esprit dont il a fallu faire preuve pour contrer la domination des dogmes de l’Église. Ce sont par des hommes d’opinion et des gouvernements tolérants comme en Hollande, que nous sommes parvenus à notre connaissance actuelle du monde.

Malheureusement, l’homme moderne ne semble pas tirer partie des apprentissages fait à cet époque, ainsi l’ouverture d’esprit et la notion de liberté semblent vouloir régresser. Les lois, le retour de l’intégrisme religieux et des tentatives diverses de controler les citoyens se multiplient. Et il ne s’agit pas seulement du fichage systématique des voyageurs, tout est mis en mesure, y compris dans les pays se targuant de liberté, pour controler, suivre, vérifier plus rapidement et au moindre soupçon incarcérer puis, parfois, inculper.

C’est enfoncer une porte ouverte que de mettre l’accent sur l’impact des attentats du 11 septembre qui ont réellement changés la face du monde. Pourtant, l’évidence se dresse devant nous : le repli n’a jamais fait avancé les choses et est plutôt un terreau favorable pour l’obcurantisme.

Dire que les États-Unis domine le monde et doivent agir à ce titre une vérité. Justifier par ce fait des guerres, par exemple, n’est en revanche aucunement justifiable. Quand je lis les nouvelles, je ne peux m’empêche de rester sans voix devant ce qu’il s’y passent. Une film sur la vie du Christ semble réveiller les instincts prosélitiques (et pourquoi pas inquisiteurs) de certains, un président du monde libre qui veut sortir de la Constitution une partie de la population de son pays parce qu’ils veulent se marier et toutes sortes d’autres initiatives vouées à bloquer tout tentative d’évolution.

Ce pays qui devrait s’inscrire directement dans la lignée du Lumière de part son histoire (sa Constitution) et son pouvoir, l’immense connaissance qui s’y accumule prend tout simplement la direction inverse, tirant dans son sillage tous les autres pays de la planète et allant même jusqu’à donner une justification aux pires actes.

Les actuels dirigeants des États-Unis semblent décidé à vaincre un extêmisme par un autre extrêmisme ; au bout du compte, les deux ne sont pas aussi éloignés qu’on voudrait bien le dire !

Je ne me veux pas un philosophe, un historien ou un quelconque expert, mais mettre en perspective le monde actuel et ce qu’il était voilà 400 ans de cela amène à se poser des questions sur les progrès réalisés.

Democracy is the theory that the common people know what they want, and deserve to get it good and hard. (H. L. Mencken)

I don’t want to achieve immortality through my work. I want to achieve it through not dying. (Woody Allen)

Happiness is not something you experience, it’s something you remember. (Oscar Levant)

Après le mp3 du gars qui insulte le service clientèle de Vidéotron, j’ai trouvé la transcription (puis un prof a peaufiné ce que j’avais trouvé ;). Donc si vous voulez prendre un cours d’expressions québécoises, sortez vos calepins !

Certains bouts manquent malgré tout :p

C’est complet maintenant !

"... ok, j'ai payé dans l'vide! ... Ça marchait pas à moitié du temps maudit tabarnac! Pis là, là, c'est pas d'ma faute, encore une crisse de fois pis faut qu'j'mange d'la marde? Wô 'ttends 'peu là sacrament là! Là tu m'passes ton grand technicien pis tout 'suite dret-là, t'as-tu compris!? Tu m'comprends-tu là?! [Réponse du technicien] Tu me l'passes! J'ai affaire à lui là. Aye, j'ai été quatre mois tabarnac de crisse ok, ça m'a coûté une affaire de pas loin d'mille piasses encore, pis là faudrait qu'j'en r'paye encore? Wô 'ttends 'peu! Les mois d'où c'que c'est qu'ça pas marché là, ej'veux qu'y soyent crédités pis tout 'suite, t'as-tu compris? Tu l'comprends-tu là? Là c'est brisé, pis c'est pas d'ma faute! J'en ai jusque perdu 'à TV, le modem y flashe! ... Si ça fait pas moé j'mets ça d'ins mains des avocats, tabarnak! Ok viens pas m'dire que j'capable d'avoir un taux de transfert de 100K seconde sur l'Internet! Y flashe ton estie d'modem! Tu l'comprends-tu ça? Là tabarnac là j't'écoeuré de m'faire niaiser! [Réponse du technicien] Là tu m'passes ton grand boss pis tout 'suite! Ça presse! [Réponse du technicien] Ouais passe moé-lé tabarnac! [À lui-même] Maudit estie d'câlisse... "Vous m'devez gnagnagna... Vous m'devez d'l'argent... faut qu'ca soye crédit- faut qu'ca soye payé avant qu'on envoie un technicien..." Heyyy maudit tabarnak moi là d'niaisage d'crisse là! 'te l'ai dit que je l'savais qu'y allait m'arriver a'ec ça! J'te dis que l'gars y file doux en ostie là! [À sa femme qui braille en arrière-plan] Ben j'mets pas ca su' ta faute! Le modem câble y marche pas, là. Ok? C'est pas d'ta faute à toé pis c'est pas d'ma faute à moé! C'est d'leu' faute à eux aut'! Et y vont l'envoyer l'technicien! Y vont arrêter de m'niaiser tabarnak passque j'change de place, moé! Hey tabarnak de criss moé-là aujourd'hui, là ... Trouve-moi l'numéro d'téléphone de la protection du consommateur. Là là, j't'écoeuré d'eux aut'! J't'écoeuré... J't'écoeuré, j't'écoeuré, j't'écoeuré... J't'écoeuré, j'câlice ça d'ins mains d'la protection du consommateur dret-là aujourd'hui... Probablement qu'y m'a, y m'a déconnecté là! Eh l'tabarnak moi! "Monsieur veuillez patienter" y... y'a, y'a raccroché là... Y l'a vu qu'j'étais en beau crisse là ... Ben beau être patient là, mais maudit estie d'câlisse ils vont s'réparer! Là j'les ai pogné 'es nerfs! Moé j'les pognerai pas trois cents fois moi! Si c'est brisé là, tabarnak de câlisse de Saint-Chrème d'estie c'est pas d'ma faute! Y vont s'réparer! Ça c'est juré s'à tête de l'évangile! [À son gamin ?] Va t'coucher toé! Dans ton lit! [Réponse du technicien] Ouais! [Réponse du technicien] Ouais ouais tout 'suite! Tout 'suite! Tout 'suite! [Le technicien transfert l'appel] Mouais, c'est ça! C'est quoi l'numéro d'la protection du consommateur?"

Voici quelques remarques sur le langage au Québec et ce “texte” en particulier (vient du même prof qui a aidé à compléter la transcription ) :

  • Le québécois est un langage d’ellipses. Ce qui compte c’est l’efficacité, alors on enlève des lettres, parfois des syllabes, parfois même des mots complets pour gagner du temps. Probablement parce que c’est trop difficile de parler la bouche gelée l’hiver. Quelques exemples: la simple ellipse du “e” des mots “le” ou “de” (comme l’vide, d’l’argent). Au féminin, on garde le “a” de “la”, mais curieusement c’est le “l” qui saute (et ça donne ‘a TV pour “la TV”).

  • Dans la même veine, on omet aussi le e de “se”, de “me” et de “je” (vous m’devez, j’mange d’la marde).

  • Le “il” devient “y”, le “elle” (curieusement) devient “à”.

  • On peut très bien accumuler les ellipses pour encore plus d’efficacité (comme “faut qu’j’mange” ou “c’est d’leu’ faute”, dans lequel on ellipse le r de “leur”).

  • Dans “tout ‘suite”, on enlève carrément le “de”. Dans “je suis”, on enlève parfois complètement le “suis”, ce qui donne “j’tanné” ou “j’t’écoeuré” (on ajoute ici un “t” simplement pour que ça se prononce mieux). Le “j” dans ces cas-là se prononce comme un “ch”, ce qui fait que parfois quand on ralentit le “je” devient un “chu” (“chu fatigué”).

  • “Dans les mains” devient “d’ins mains”, on enlève le “les” et le “dans” se prononce, sans raison apparente “din”. En fait en y réfléchissant, “dans les” ou “dans un” devient souvent “din”.

  • Avec devient “a’ec”, qui se prononce pratiquement comme “èc”, le a au début est très subtil.

  • Paradoxalement, parfois on ajoute des mots supplémentaires et inutiles. Par exemple, “eux aut’” signifie “eux autres” et est en fait utilisé simplement pour dire “eux”. Également, le paquet de “là” qui pimentent nos phrases, parfois deux de suite (Là là, j’t’écoeuré). Le “là là” à la fin d’une phrase est typique de la région du Saguenay-Lac-St-Jean.

  • “Wô” veut dire “arrête une minute”, ça vient du son qu’on fait pour arrêter un cheval (du moins ici).

  • ” ‘ttends ‘peu” veut dire “attends un peu” et se prononce effectivement pas mal comme “tapeu”.

  • Les “sacres” québécois: estie (parfois “stie”, vient d’hostie), tabarnac (vient de tabernacle), câlisse (vient de calice), crisse (vient de Christ), sacrament (vient de sacrement), saint-ciboire (pas utilisé ici mais courant). Saint-Chrème est beaucoup plus rare, ça donne de la couleur au personnage! ;)

  • Quelques sacres peuvent devenir des verbes (crisser, câlisser) et signifient généralement lancer avec vigueur, placer quelque part avec force. À l’inverse, décâlisser et décrisser veulent dire démolir.

  • Jurer sur la tête de l’évangile n’est vraiment pas une pratique courante ici! :) (en fait le gars dit n’importe quoi parce qu’il ne sait pas sur la tête de qui il pourrait bien jurer).

Oui, je sais, c’est possiblement le troisième ou quatrième coucher de soleil que je colle sur ce site, mais j’en reviens pas des couleurs auxquelles on a droit ici.

Ça semble incroyable, mais non seulement cette photo n’a pas été retouchée (hormis le rétrécissement), mais en plus elle montre ce qu’on pouvait voir avec nos yeux, pas d’aberration ni de saturation des couleurs, c’était à se demande si l’apocalypse ne se déroulait pas sous nos yeux !

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Coucher de soleil

Sinon le week-end fut encore assez rempli avec la configuration et la sécurisation de Samba, des essais concluant pour graver de CDs à travers le réseau, la configuration de DynDNS et le mise en place d’un script pour mettre à jour l’IP et des bidouilles diverses et variées principalement sous Linux.

Oui, bon, je sais, c’est un week-end de gros geek, mais je suis quand même sorti samedi soir pour aller voir des amis !

Le vocabulaire utilisé au Québec est souvent source de curiosité pour les Français notamment parce que certains mots sont un peu quétaines et renvoient plus au passé.

S’il y a bien un domaine du vocabulaire qui différe très largement entre la France et le Québec, ce sont les jurons et insultes. Dans le fichier qui suit, mes concitoyens français auront donc le plaisir de découvrir un florilège d’insultes québécoises.

Pour vous replacer le contexte, il s’agit d’un client quelque peu sur les nerfs en train d’appeler le service à la clientèle de Vidéotron, fournisseur d’accès cable et internet.

Éloignez enfants, chiens et chats, parce que ça arrache ! (Malgré tout, rien ne remplacera dans mon coeur un bon Putain de bordel de merde, j’en ai vraiment plein le cul !)

Ajout : La retranscription du dialogue a été ajoutée dans un autre message

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Pas content le monsieur !