L'espoir vain de gérer le traffic

L’actualité me donne l’occasion de poursuivre la réflexion amorcée récemment dans les pages de Cllbr au sujet de la ville intelligente: la mise en oeuvre du Centre de Gestion de la Mobilité Urbaine (CGMU) de la Ville de Montréal promettant du transport intelligent.

Histoire d’être parfaitement clair sur ma connaissance du sujet: je connais une partie de l’équipe en charge de ce projet, j’ai même eu l’occasion de pénétrer dans une des salles dédiées au CGMU. Ceci dit, je n’en connais pas beaucoup plus sur le projet que les descriptions publiées ces derniers jours.

Le gros du CGMU est la mise en oeuvre d’un réseau de caméra aux principales intersections ainsi que la capacité de controler à distance certains feux de circulation. Dans l’avenir, cela va également venir, si j’ai bien compris, avec la mise en oeuvre de capteurs variés; le tout supporté par de puissants systèmes d’informations. Les bénéfices sont évidents: voir les accidents à distance et modifier le cycle des feux de circulation pour limiter les impacts aussi rapidement que possible.

Mais de là à dire que cela va permettre de gérer le traffic, il y a un pas à ne pas franchir. Penser gérer le traffic, c’est un peu comme espérer gérer une équipe de chats. Le nouvel adage “vous n’êtes pas pris dans le traffic, vous êtes le traffic” explique parfaitement la problèmatique: tant que les automobilistes ne sont pas impliqués directement dans la résolution du problème, n’ont pas les bons outils pour eux-mêmes régler le problème, les gains resteront minimes. L’approche tour de contrôle ne fonctionne pas.

Regardons un cas récent, hier: des travaux créaient un rétrecissement de deux à une voie après un feu de circulation. Le comportement idéal serait d’attendre avant l’intersection et à tour de rôle traverser l’intersection. Comportement réel: trop de monde essaie de tricher. Nous voulant pas se faire doubler, chacun se jette dans l’intersection, bloquant ainsi le traffic de la rue perpendiculaire. C’est le genre de phénomène qui crée un gridlock, situation dans laquelle de la congestion le long d’un axe entraine de la congestion sur les axes orthogonaux, quand bien même ces derniers ne sont pas au-dessus de la capacité de transport. À partir de ce moment c’est game overt, la congestion ne peut que croitre. C’est le genre de situation typique où adapter le cycle des feux aura un impact limité.

La solution réside donc dans une approche plus vaste. Un aspect important est d’avoir des outils ergonomiques et faciles d’accès pour décider où circuler. Le moyen le plus efficace pour arriver à cela est d’ouvrir les données. Les Google et Tomtom de ce monde sont déjà la recherche de ces informations pour adapter leurs trajets en fonction de l’état du traffic. Des startups se positionnent aussi sur ce créneau comme ReRoute.me à Ottawa. (Et bien franchement, ça ne me fait pas plaisir outre mesure de déléguer une partie de l’information aux voyageurs à Google car cela soulève d’autres problématiques. Toutefois, dans un objectif d’isoler un tant soit peu les problèmes, il n’en reste pas moins que des organisations comme Google sont les mieux placer pour améliorer la situation). Des collaborations sont même en train de se mettre en place pour échanger les données officielles contre des données crowdsourcées. Évidemment, fournir des options de déplacement, notamment en transport en commun ou simplement favoriser le télétravail pour limiter le nombre de déplacement font partie d’une stratégie plus vaste et nécessaire.

La bonne nouvelle, c’est que l’équipe de transports intelligents de la Ville de Montréal est parfaitement consciente que le CGMU n’est qu’une étape, l’étape où on commence à voir. Des commentaires soulevant la possibilité de faire des calculateurs de trajets multi-modaux montrent une bonne compréhension des options. Ils savent aussi que l’ouverture des données est un incontournable pour espérer voir cette informations utilisée par chacun. La grande question est donc de savoir comment, dans les faits, traduire cette vision en réalité, comment designer une stratégie permettant d’intégrer les informations de la ville, les organisations capables de fournir des services aux citoyens et les citoyens eux-mêmes. Dans tous les cas, ce sont ces derniers (les citoyens, ou plus précisément les voyageurs) le dernier mot quant à l’amélioration de cette plaie universelle qu’est la congestion routière.

Mécanique humaine

Chaque incursion dans un nouveau sport me donne l’impression de revisiter des concepts connus. Récemment, en prenant en cours de kite surf, j’ai cru entendre un de mes instructeurs d’aikido ou encore un prof de golf: “N’utilise pas tes bras”, “Déplace-toi”, “Utilise tes hanches”. Chacun a tendance à dispenser ses conseils comme s’ils étaient propres à sa discipline. Pourtant le hasard n’est pas mise: si toutes ces activités font appel aux mêmes principes, c’est parce que ces derniers sont centaux dans l’utilisation du corps humain.

Par exemple l’aikido utilise régulièrement le concept de centre (connu sous le nom de hara) qui correspond au centre de gravité du corps, un peu en-dessous du nombril. Dans la tradition occidentale rien ne se passe à cet endroit; les endroits importants du corps sont le cerveau et le corps. Le bas-ventre rien, sauf peut-être les pulsions sexuelles. Dans les traditions orientales, le centre est le receptacle du ki (l’énergie), un point de chakra important y est également situé.

Le but n’est pas de partir dans des considérations ésotériques, mais le fait que des traditions ancestrales localisent la principale source d’énergie à cet endroit n’est pas anodin. Mécaniquement, c’est quand le centre est en mouvement que le corps déploie le plus de force. Ce n’est par hasard que les harnais (notamment en kite et en planche à voile) s’attachent à ce niveau là: c’est par ce biais que le corps est le plus capable d’absorber et controler l’immense force générée par une voile. Au golf et au tennis, c’est une mise en mouvement limitée mais contrôlée du centre (déplacement et rotation) qui donne la force d’impact. Quant à l’aikido, tout se joue là: mettre en mouvement son propre centre, prendre le centre de l’opposant (le déséquilibrer) sont les principaux enjeux de toutes les techniques -et il en va de même pour tous les budos, incluant le judo.

Je prends l’exemple du hara car c’est pour moi l’exemple le plus frappant, mais je pourrais également débattre de la respiration, de la posture du dos, du controle de la flexion du membres, etc. Avant de développer notre endurance ou notre force physique, les cours d’éducation physique devraient s’attacher à développer notre compréhension du fonctionnement du notre corps. Cela rendrait plus facile l’apprentissage de bien des sports, tout en nous rendant capable de plus avec notre corps. Au lieu de ça, beaucoup en sont réduits à développer du muscle au lieu de développer de la force.

(Billet débuté en juin dernier que j’ai oublié de terminer à ce moment)

Ce billet est celui d’un vieux con en devenir.

Mon fil Twitter bruit d’une innovation promettant monts et merveilles (quelle innovation ne le fait pas?): nous permettre de lire trois fois plus rapidement qu’en temps normal en faisant défiler les mots à une position fixe et en faisant ressortir l’optical recognition point, c’est-à-dire la lettre d’un mot à partir de laquelle il est le plus possible de saisir le mot d’un coup d’oeil. Soit. En chiffre: ils estiment qu’un lecteur moyen lit 220 mots par minutes tandis qu’avec leur technologie il serait possible de monter à 350 voire 500.

Sauf que voilà: en moyenne, je ne lis pas à 220 mots par seconde. Je lis une phrase, je la relis. Je lis quelques pages, je reviens en arrière. Je note. Je cherche un mot, une référence. Je regarde dans le vide pour absorber mentalement ce que je viens de parcourir. Dans mes lecteurs, seule une infime minorité pourrait s’adapter à un tel gavage.

La “bonne” manière de lire un livre, c’est la lecture active. C’est celle où on prend le temps d’analyser le livre. C’est surtout vrai pour les livres savants, mais en réalité s’applique à tout, dans une moindre mesure. Ce que propose cet outil ressemble à l’inverse de la lecture active, du gavage passif de mots.

A-t-on envie de lire de la poésie à 500 mots par minute? L’auteur qui a pris soin de choisir chaque mot avec rigueur, utilisant la finesse du langage pour des sonorités, pour des connations, pour la puissance métaphorique souhaite-t-il que tout ceci soit recraché le plus vite possible. Même un article web bien pensé ne mérite pas un tel traitement.

“Au suivant” comme dit la chanson.


Digression: dernièrement j’ai abandonné ma liseuse numérique ou je l’utilise seulement en dernier recours quand seule une version numérique est disponible. J’étais insatisfait de l’expérience, de l’effet d’ensemble de l’outil sur la lecture, j’avais l’impression que ce que je lisais était moins présent à moi. Cette impression diffuse vient d’être confirmée par une étude.


J’ai récemment terminé “Present shock”, un bouquin qui traite de… je ne sais plus de quoi. Pour une fois, parce que je n’aimais pas trop le ton du bouquin, j’ai lu cela de manière assez linéaire. Moralité je ne l’ai pas absorbé comme d’autres.

Ceci dit, l’auteur a semblé aussi avoir succombé à ce qu’il juge lui-même comme typique de notre temps: l’effondrement narratif. La disparition autant des grands récits du passé que des petites histoires de l’ère post-moderne pour l’absence d’histoire. Moralité, même si ses idées semblent intéressantes, tout ce qui reste en tête lorsqu’on referme le livre, c’est un salmigondis d’opinions sur tout et sur rien et quelques grands concepts sans réel lien entre eux.

Une des rares idées que j’ai réussi à accrocher c’est celle de “digiphrenia” dont le corrolaire est bien connu sous l’acronyme FOMO: Fear of missing out. La crainte de manquer quelque chose nous pousse à être multitache, à vouloir être partout (notamment avec nos outils ubiquitaires de choix que sont les cellulaires) nous poussant ainsi à être nulle part.

L’idée de lire 500 mots par minutes recouvre bien cette réalité: tant de choses extraordinaires sont écrites en ce bas monde qu’il devient central de lire plus vite pour lire plus. FOMO. Quitte à finalement mal lire nos livre, mal vivre nos vies, y être sans y être.


L’expression “choisir c’est renoncer” m’avait fait forte impression la première fois que j’ai pris le temps de m’arrêter dessus, quelque part durant mon adolescence. Ça me semblait tout à fait inacceptable comme proposition. Il me semblait que je devais avoir le droit de choisir sans pour autant renoncer à d’autres choses. Ou simplement éviter les choix. Pourtant plus j’y réfléchissais, plus cette réalité semblait impitoyable, inébranlable: chaque instant est un choix.

Digiphrenia, FOMO, lire 500 mots par minute, c’est cette même réaction instinctive, puérile, de refuser de choisir, surtout refuser de renoncer.

Caroline et moi sommes toujours suspicieux: quand les choses vont trop bien, un mauvais coup du destin attend au tournant. Non pas que nous soyons superstitieux (même si je parle de destin), c’est plus une question d’habitude. La fin de la résidence, les enfants qui allaient bien, quelques succès au travail, beaucoup de choses à fêter durant cet été où pour la première fois depuis longtemps nous avions un peu de temps pour souffler.

Le cours des choses a effectivement voulu qu’à ce moment précis nous soyons précipité dans le gouffre du néant avec la mort tragique et brutale du frère de Caroline, Martin, agé de 29 ans. Depuis ce moment, vendredi dernier, j’ai l’impression que nous avons tous été jeté dans le vide. Un peu comme lorsque l’on saute d’un très haut plongeoir, la vitesse de chute augmente à un rythme vertigineux, de plus en plus aspiré vers le bas. On sait qu’à cette vitesse l’impact avec l’eau fera mal. L’impact ce sera demain, avec l’enterrement. Nous allons tous nous retrouver sous l’eau et il faudra remonter, vite, tous. Même sa mère. Même nos enfants. Ressortir de l’eau pour ne pas en mourir mais surtout se sortir de l’ombre de la mort qui trop souvent marque et colle à la peau.

Je n’ose pas trop imaginer l’effet que cela aura sur Arthur, lui qui est naturellement sensible au thème de la mort. Lorsque l’annonce de la disparition de son unique oncle lui a été faite, il n’a pas été besoin de lui expliquer ou même de lui redire. Avec une acuité remarquable pour un enfant de 6 ans mais bien cruelle en l’état, il a immédiatement compris qu’il ne reverrai plus cet oncle qu’il commençait à apprivoiser, que sa grand-mère avait perdu son fils, que sa mère avait perdu son frère. Et que ceci est irrémédiable.

Ce tragique événement réactive aussi toutes nos craintes de perte encore plus proche. Vendredi dernier, lorsque la mère de Caroline a appelé pour annoncer la triste nouvelle, Caroline et les enfants étaient sortis. Lorsque, entrecoupée de sanglots, la phrase “quelques chose de terrible est arrivé” s’est faite entendre mais que le “quoi” refusait de sortir dans la douleur du moment, j’ai immédiatement imaginé la disparition de Caroline avec les enfants. Outre la perte d’un être cher, cet événement se traduit aussi par une hausse de l’angoisse quotidienne, celle de conduire une voiture, de rouler à vélo, de laisser les enfants vaquer à leurs activités, etc. Loin de nous la paix d’esprit, pour un certain temps.

Une certaine vue du Capital au XXIème siècle

Il est rare que je prenne la peine de lire un bestseller, encore moins un qui soit récent (plus par manque de temps que par snobisme, entendons-nous). Mais celui-ci n’a pas manqué d’attirer l’attention et malgré l’imposante brique je voulais vraiment voir ce qu’il avait à dire.

Le but n’est pas de copier le livre, pour ce faire vous pouvez le lire. Si vous êtes vraiment pressés, il existe même un sommaire exécutif.

Évidemment, je ne vais pas faire la critique du livre sur la validité des arguments économiques. Il n’en reste pas moins que le livre est riche d’enseignements. Je vais donc me concentrer sur quelques remarques particulières

Ce n’est pas Marx

Malgré ce qu’en disent certains, ce n’est pas le descendant spirituel de Marx. Pour ce dernier, le capital était le moyen de la domination d’une classe et il explorait surtout cette dynamique. Piketty constate qu’historiquement les inégalité sont sources d’instabilité (sans détailler pourquoi ni comment) puis regarde surtout la dynamique économique (autant macro que micro) qui génère ces inégalités. D’un point de vue c’est un peu décevant mais primo Piketty est “seulement” un économiste, secundo en restant au niveau économique il évite des critiques d’ordre purement idéologiques.

Piketty était clairement tenaillé entre des idées de grandeurs (d’ou la référence à la bible de Marx) et le fait qu’il ne pouvait pas non plus prétendre changer la face du monde (quoique souvent il donne cette impression.)

Une unique solution

Au terme du livre, l’auteur en arrive à promouvoir une unique solution (une taxe mondiale progressive sur le capital) qu’il juge lui-même utopique. Comme le dit l’autre, tout problème complexe a un solution simple, et elle est mauvaise. Personnellement je suis assez sceptique qu’une seule approche puisse permettre de résoudre un problème aussi complexe. Quand on considère que cette solution est par ailleurs utopique et hautement improbable, c’est tout de même un peu décevant. Certaines critiques ont proposé d’autres approches qui pourraient avoir participer à améliorer la situation

Notre histoire

Ce qui m’a fait passer à l’acte d’acheter le livre, c’est d’apprendre qu’une partie de l’argumentaire se basait sur la période précédent la Première guerre mondial au moment même où je développais un intérêt pour la période couvrant le Second Empire et la Belle Époque et aussi alors que nous nous apprêtons à commémorer le début de la Der des ders.

L’aspect central du livre, au-delà des diverses conclusions de l’auteur, c’est que nos sociétés sont largement déterminées par leur histoire. Les choix politiques allant de la première guerre mondiale à maintenant sont une suite d’enchainements quasi-logiques. La façon dont américains et européens envisagent la question des inégalités est fortement teintée par leurs histoires respectives. Ça peut sembler une lapalissade, mais c’est pourtant central.

Et ce que le livre permet de comprendre de manière générale c’est que l’économie des inégalités évolue sur le très long terme et que de ce point vue, il a fallu attendre les années 1980 pour sortie des conséquences désastreuses (mais très égalitaristes) de la Seconde guerre mondiale et encore une génération pour commencer à en voir les impacts.

Les choses changent

Aussi incroyable que cela puisse paraître aujourd’hui, fut un temps où les États-Unis étaient plus égalitaires que l’Europe, y compris dans leurs politiques. D’après Piketty, jusque dans les années 1980, le taux d’imposition du “bracket” le plus élevé était de l’ordre de 80%, voire 90% aux États-Unis. Il en était ainsi depuis le New Deal, soit près d’un demi-siècle. Évidemment, Reagan est passé par là ensuite.

On ne peut s’empêcher de sourire à l’idée que certains prônent que seuls des taux d’imposition bas permettent la croissance et l’innovation alors que les États-Unis ont été on ne peut plus dominant pendant une période de forte imposition. Pas nécessairement de causalité, mais ça donne à réfléchir.

Un bon état des lieu

Si le livre a reçu plusieurs critiques sur certains points spécifiques, il rappelle des concepts généraux certes connus des économistes, mais souvent mal traités et incompris. Par exemple de joyeusement amalgamer les plus riches en terme de revenus avec ceux possédants les plus grandes fortunes. Selon l’axe qu’on prend, le fameux 1% n’est pas le même.

Autre chose que l’on oublie: le taux de croissance sur lequel tout le monde a le nez collé dépend de la croissance démographique. Ainsi on impute souvent une meilleure croissance aux É.U qu’à l’Europe, mais c’est “simplement” parce que leur population croit plus. Ce n’est pas vraiment un signe que leur économie va mieux ou qu’ils sont plus innovants.

Le rôle de l’innovation technologique

Point non traité par l’auteur et c’est dommage. Son ouvrage est déjà très riche et possiblement que c’est un domaine qu’il connait moins. Il aurait toutefois été intéressant de voir si les évolutions technologiques, notamment dans les trente dernières années, ont eu un effet dans la résurgence des inégalités et notamment dans la capacité de faire travailler le capital à la place des gens.

D’après les quelques paragraphes qu’il écrit sur le sujet, il semble que le consensus autour de l’apport technologique, c’est qu’il favorise le développement du capital humain, c’est-à-dire la capacité d’aller chercher une formation plus avancée utile et donc un revenu plus élevé. Mais de la même manière qu’il démontre qu’aucune loi économique n’empêche les inégalités de croitre à des niveaux très élevés, est-il démontrable qu’aucune loi n’empêche la technologique d’augmenter les inégalités en nuisant à la capacité des employés à participer au développement économique.

Conclusion

Étant devenu un incontournable, le livre a également reçu beaucoup de critiques. Ceci dit, de ce que j’ai pu voir, aucune n’arrive de manière convaincante à complètement détruire l’argument central du livre: les inégalités sont en augmentation et rien n’empêche qu’elles continuent à augmenter jusqu’aux niveaux où elles étaient à la veille de Première guerre mondiale alors que 10% de la population possédait 90% des richesses.

Toutefois, en n’entrant que superficiellement dans la critique sociale et les rapports de force qu’entrainent ces inégalités, on se demande les inégalités sont une cause ou un symptôme: serait-il possible d’avoir une société stable avec des inégalités importantes? La mise en place d’une ploutocratie est-elle inévitable lorsqu’une faible partie de la société possède une large partie de la richesse? Piketty effleure ces questions par moment mais sans donner asséner d’argument fort là-dessus.

Malgré ce point et la faiblesse de sa proposition centrale, ça reste un livre fascinant à lire!


Broadly speaking, it was the wars of the twentieth century that wiped away the past to create the illusion that capitalism had been structurally transformed.

Thomas Piketty, Capital in the Twenty-First Century